Les accidents de la route coûtent en moyenne 100 milliards de dinars par an en Algérie, d'après le professeur Farès Boubkeur, qui a réalisé une étud sur la question. Lors d'une journée d'étude sur le coût économique des accidents de la route, organisée hier à l'hôtel El Aurassi, il a indiqué, devant des membres du gouvernement notamment, que ces accidents représentent 0,15% du PIB. « Un accident moyen (un mort, un blessé et des dégâts matériels) coûte 2,2 millions de dinars en moyenne », précise-t-il, expliquant que ce chiffre est calculé sur les coûts de base, les soins médicaux notamment et les coûts supplémentaires, tels que la perte de capacité de production et le coût découlant des embouteillages causés par les accidents. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a signalé que « l'Algérie, en dépit des efforts pour réduire ce phénomène, a enregistré en 2015 plus de 35.000 accidents causant la mort de 4.610 personnes et 55.994 blessés. En 2014, le coût des accidents a dépassé les 108 milliards de dinars et les assurances ont payé, durant la même période, près de 45 milliards de dinars en termes de remboursements », note-t-il. D'après les statistiques du centre national de la prévention routière, qui organise cette journée d'étude, 6.759 accidents de la route ont été enregistrés durant le premier trimestre 2016, contre 7.663 durant la même période en 2015, soit une baisse de 11,80%. Le nombre de décès a également baissé, durant la même période, de 3,49% tandis que celui des blessés a diminué de 15,57%. Toujours selon le rapport de ce centre, la vitesse est la première cause des accidents de la route durant les premiers mois de cette année, concentrés surtout au niveau de la capitale. Cela dit, Boubkeur estime que le volume des accidents n'est pas aussi « catastrophique » qu'on le pense. « Bien que la population ait doublé ces dernières années et le parc auto triplé, le nombre d'accidents de la route demeure stable. Vu le nombre de voitures et le volume de la population, on aurait pu atteindre 12.000 accidents de la route contre 4.000 par an actuellement en moyenne », explique-t-il. Bedoui a, par ailleurs, saisi cette occasion pour faire part de la nouvelle vision dans la lutte contre les accidents de la route, construite, selon lui, sur la connaissance et les TIC et puisée des recommandations d'experts nationaux et internationaux. « Cette vision nous a permis d'élaborer un premier schéma sur la sécurité routière, qui s'inscrit dans le cadre des recommandations internationales, de l'ONU notamment qui a appelé à améliorer la prévention routière par la création d'une haute instance dans ce domaine », révèle-t-il. Il a signalé, dans ce contexte, que le gouvernement a adopté la semaine dernière, à l'issue de l'étude du projet d'amendement de la loi sur l'organisation de la circulation routière, une nouvelle approche dans la lutte contre les accidents de la route, avec le lancement d'un chantier de réformes. « Cette approche prévoit la création d'un conseil intersectoriel au niveau du gouvernement, présidé par le Premier ministre. Il sera chargé d'orienter la stratégie nationale de la politique de la sécurité routière. Cette approche consiste également en la création d'une délégation nationale de la sécurité routière, relevant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales », précise-t-il. Le rôle de cette délégation est la mise en œuvre de la politique nationale de la sécurité routière. Elle sera chargée aussi de contribuer à l'élaboration des textes législatifs et réglementaires relatifs à la circulation routière, à effectuer des études sur les accidents de la route et à mettre en place une stratégie de prévention. Le ministre a annoncé, en outre, la mise en place d'un système d'information pour alimenter une banque de données sur la sécurité routière. « Ce système regroupera les permis de conduire et les cartes d'immatriculation ainsi que les infractions, entre autres », déclare-t-il en soulignant que ce système permettra aussi la gestion électronique de ces infractions.