La procédure de destitution de la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, au Sénat, a repris, hier, après que le président intérimaire du Congrès des députés, Waldir Maranhao, est revenu sur sa décision, prise la veille, de la suspendre. Dans un communiqué succinct publié au petit matin, il a expliqué qu'il y avait eu des irrégularités lors du vote du 17 avril, au cours duquel 367 députés sur 513 se sont prononcés en faveur de la destitution de Mme Rousseff. Maintenant que le processus reprend son cours normal, les sénateurs sont appelés à voter à partir d'aujourd'hui l'ouverture formelle d'un procès, a-t-il poursuivi. La veille, M. Maranhao avait provoqué un retentissant coup de théâtre en déclarant que le vote de l'assemblée plénière des députés constituait un « pré-jugement » de la présidente et « portait atteinte à une pleine défense de la présidente ». Cette décision avait plongé la capitale Brasilia dans la plus totale confusion et a même pris de court Dilma Rousseff. « Vous venez de l'apprendre comme moi sur vos téléphones portables. Je ne sais pas quelles seront les conséquences, s'il vous plaît il faut être prudents (...) il faut comprendre ce qui se passe », avait-elle réagi, demandant au parlementaires de « gérer la situation avec sérénité ». Le président du Sénat, Renan Calheiros, avait, pour sa part, décidé d'ignorer « la décision intempestive » de M. Maranhao et a ordonné la poursuite de la procédure. « Aucune décision autocratique ne peut s'imposer à une décision collégiale », avait-il estimé. « Accepter une telle plaisanterie avec la démocratie me compromettrait personnellement dans le retard du processus. Il n'appartient pas au président du Sénat de dire s'il est juste ou injuste, mais à l'assemblée plénière du Sénat », avait-il ajouté. La procédure va donc suivre son cours. Elle entraînerait la mise à l'écart automatique du pouvoir de la présidente pendant un maximum de cent quatre-vingts jours, en attendant le jugement final des sénateurs. Son vice-président, Michel Temer, ancien allié devenu rival, la remplacerait immédiatement par intérim et formerait alors un nouveau gouvernement. Le Tribunal suprême fédéral peut intervenir dans cette procédure. Mais son président, Ricardo Lewandowski, a affirmé qu'il « donnera priorité aux recours judiciaires » en lien avec la destitution de Mme Rousseff pour maquillage des comptes publics. Il a aussi assuré que la procédure respecterait la loi.