L'Anep a rendu, hier, à la librairie Chaïb Dzaïr, un hommage à Noureddine Naït Mazi, décédé le 14 avril dernier. De nombreux confrères qui l'ont connu et côtoyé, surtout durant les longues années où il dirigeait le quotidien El Moudjahid, ont évoqué quelques traits de sa personnalité contrastée et son riche parcours entamé au lendemain de l'indépendance. La plupart des intervenants ont loué les qualités de droiture et le patriotisme de l'homme qui croyait en ses idées. Peu se sont attardés sur les difficultés à diriger un journal alors qu'il était, pour reprendre les mots d'Amar Belkhodja, « entre le marteau des autorités et l'enclume des journalistes et des lecteurs exigeants ». Toutefois, selon Ahmed Fattani, « il est arrivé à Naït Mazi de tenir tête à de hauts responsables, citant Kheïr-Eddine Ameyar que Cherif Belkacem alors membre du conseil de la révolution voulait licencier suite à une question gênante au Palais des nations ». Correspondant alors du quotidien à Tiaret, Belkhodja a raconté les circonstances de son recrutement en 1976 par cet homme qui, dira-t-il, « a toujours eu le souci de défendre le journaliste ». « Un jour, il m'a appelé pour m'envoyer en Chine par reconnaissance à mon travail », s'est-il souvenu. Il a cédé ensuite la parole à Belkacem Ahcene Djaballah qui, étudiant déjà, respectait ce « patriarche » qu'il connaîtra plus tard. L'ex-PDG de l'APS a usé d'une formule savoureuse pour dire « la modestie et la discrétion de l'homme ». Il a évoqué également des séances de travail communes pour réfléchir sur la réorganisation du secteur de l'information au milieu des années 1980. Il n'a pas oublié non plus un mémorable séjour en Chine au milieu des années 1980 où l'homme révélait une facette attachante et son humour décapant. Même si un de ses frères et deux sœurs étaient présents dans la salle où ont pris place d'anciens et jeunes journalistes, n'ont pas pris la parole. C'est Ahmed Fattani, directeur du quotidien L'Expression, qui a abordé l'engagement du jeune homme de mère française et d'un père émigré de Kabylie dans le mouvement national dès son jeune âgé. Il a affirmé que le journal France Soir dont il a conservé la Une a annoncé en première page et en gros caractères son arrestation en plein Paris. Comme d'autres, il dira aussi « l'amour de l'homme, féru de lecture qui faisait parvenir les dernières publications en France au journal où il a constitué un riche fonds documentaire ». Par des souvenirs, des anecdotes, chacun a parlé de l'homme qui, dira Achour Cheurfi, directeur général d'El Moudjahid, « était à la fois distant et accessible ». Présent lors de cet hommage, Djamel Kaouane, directeur général de l'Anep, a mis en évidence « la belle aventure » que fut El Moudjahid. Pour sa part, Brahim Taouchichet a regretté que l'homme qui était aussi « un politique et un commis de l'Etat » n'ait pas bénéficié d'une considération à la hauteur de sa valeur et d'une carrière qui mérite d'être mieux analysée.