Le nouveau président en exercice est issu du grand parti de centre-droit PMDB. Il a annoncé, lors de sa prise de fonction, jeudi dernier au palais présidentiel de Planalto, qu'il va essayer de redresser le pays et éviter d'être emporté par le gigantesque scandale de corruption Petrobras. « Nous avons peu de temps », a-t-il prévenu. « Mais nous nous efforcerons de mettre en place les réformes dont le Brésil a besoin », a assuré le nouveau président en exercice. « Il est nécessaire de rétablir la crédibilité du Brésil sur la scène nationale et internationale », a-t-il déclaré en s'adressant à la nation, entouré de son gouvernement de redressement économique et d'inspiration libérale. Parmi ses ministres, l'ex-président de la Banque centrale Henrique Meirelles est chargé du portefeuille des Finances et l'économiste José Serra, ex-gouverneur de Sao Paulo, hérite des Affaires étrangères. Si les marchés voient d'un bon œil la nomination de Meirelles, qui a réussi, à la tête de la Banque centrale sous la présidence de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), à contenir l'inflation et à redresser l'économie brésilienne, le nouveau gouvernement brésilien a été critiqué jeudi dernier par des observateurs : sur 24 ministres, aucune femme et aucune personne de couleur. Rousseff appelle à une mobilisation contre le « coup d'Etat » Le Sénat avait ouvert dans la même journée à l'aube un procès en destitution de l'ancienne présidente dirigeante de gauche, accusée de maquillage des comptes publics. Avec un vote à une très large majorité (55 voix sur 81 sénateurs), elle a été écartée du pouvoir pour un maximum de six mois en attendant le jugement final du Sénat. Mme Rousseff a rapidement appelé à une mobilisation contre le « coup d'Etat » dont elle se dit victime. « Aux Brésiliens qui s'opposent au coup d'Etat, qu'ils soient de n'importe quel parti, je lance un appel : restez mobilisés, unis et dans la paix. La lutte pour la démocratie n'a pas de date finale », a-t-elle clamé avant de quitter le palais présidentiel du Planalto. « Dilma, guerrière, de la patrie brésilienne ! », ont scandé ses ministres et les parlementaires qui lui sont proches rassemblés dans la salle de presse quand elle est apparue. Ce même slogan a été repris par quelque 500 de ses partisans, dont l'ex-président Lula, pendant un autre discours, devant le palais présidentiel, entrecoupé des cris « Dehors Temer ! ». Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a, à cet égard, appelé « au calme et au dialogue au sein de toutes les composantes de la société ». « Il espère que les autorités brésiliennes sauront se montrer à la hauteur des traditions démocratiques de ce pays, en respectant les règles de l'Etat de droit et de la Constitution », a ajouté son porte-parole, Stephane Dujarric. Le président américain, Barack Obama, a quant à lui « confiance dans la solidité des institutions démocratiques du Brésil pour résister aux turbulences politiques », a affirmé Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche précisant que le président américain n'avait eu aucun échange téléphonique avec le nouveau chef de l'Etat brésilien, Michel Temer.