Etats des lieux n Le Brésil est en pleine crise politique, après les divulgations avancées par des enquêteurs nationaux sur des affaires de corruption. Toute la classe politique brésilienne est mise à l'index, y compris des ex-responsables de hautes instances de l'Etat. De l'ex-président Lula, au chef de l'opposition, presque toute l'élite politique brésilienne risque désormais d'être emportée par le scandale de corruption Petrobras, à quelque jours de la très probable mise à l'écart du pouvoir de la présidente Dilma Rousseff. Le procureur général du Brésil, Rodrigo Janot, a donné un coup d'accélérateur explosif au volet politique de l'affaire, dont seul sort indemne le vice-président, Michel Temer, 75 ans, appelé à remplacer Mme Rousseff, 68 ans, malgré sa mise en cause par plusieurs inculpés. Le procureur a demandé au Tribunal suprême fédéral (STF) l'autorisation d'enquêter sur l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, trois ministres du Parti des travailleurs (PT) proches de Mme Rousseff et 27 autres personnes, dont des députés et un sénateur du PMDB, le grand parti centriste de Michel Temer. Le procureur Janot a également demandé, selon les médias brésiliens, l'autorisation d'ouvrir une enquête pour «obstruction à la justice» contre Mme Rousseff, portant notamment sur la nomination controversée de Lula au gouvernement au mois de mars, alors qu'il était sous la menace d'un placement en détention provisoire. Les services du procureur ont refusé, hier, de confirmer ou infirmer cette fuite, invoquant le secret de l'enquête. Le procureur avait diligenté une demande similaire contre le chef de l'opposition, le sénateur Aecio Neves (PSDB, centre-droit), adversaire malheureux de Dilma Rousseff à l'élection présidentielle de 2014. Les présidents du Congrès des députés, Eduardo Cunha, et du Sénat, Renan Calheiros, également membres du PMDB de M. Temer et respectivement troisième et quatrième personnages de l'Etat, sont aussi visés par de multiples accusations dans le dossier Petrobras. L'ex-président Lula, seul espoir tangible du PT de revenir au pouvoir en 2018, apparaît, lui, en très fâcheuse posture, après les mises en cause du procureur. Ce dernier l'a décrit à demi-mot comme l'acteur central de «l'organisation cri-minelle» ayant orchestré les financements occultes des grands partis de la coalition au pouvoir depuis 2003 (PT, PMDB, PP) à partir des détournements de fonds de Petrobras. Il a parallèlement demandé au STF de juger Lula pour «entrave à la justice», l'accusant d'avoir participé à des manœuvres pour dissuader un ex-directeur de Petrobras de collaborer à l'enquête. Il a parallèlement demandé au STF de juger Lula pour «entrave à la justice», l'accusant d'avoir participé à des manoeuvres pour dissuader un ex-directeur de Petrobras de collaborer à l'enquête. Lula est soupçonné d'occultation de patrimoine et de corruption dans le volet non politique de l'enquête Petrobras.