Après avoir lancé le plan cancer, les programmes de prise en charge des diabétiques, la lutte contre les maladies cardiovasculaires et la pénurie des médicaments ainsi que plusieurs autres mesures qui s'inscrivent dans le cadre de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, s'en est pris à ce qu'il a qualifié de gestionnaires tricheurs. Dans la salle de conférences de la wilaya de Tébessa où il a regroupé, hier, les gestionnaires du secteur de la santé de cette wilaya, le ministre s'est montré ferme. « Finis le laisser-aller et l'impunité », a-t-il affirmé. Et de louer les valeurs du travail qui sont, à ses yeux, les seuls critères qui déterminent le rendement et le bilan des responsables. « L'ère des parapluies est révolue », a-t-il indiqué. « Il faut choisir d'être responsable ou ne pas l'être », lance le ministre. Ce dernier a estimé que le problème du secteur de la santé est lié à la compétence et à l'honnêteté de ses gestionnaires. Pour lui, les cadres des hôpitaux constituent le maillon faible de la chaîne de développement du secteur. « Aujourd'hui, nous sommes obligés de passer à l'action et d'appliquer rigoureusement la loi, car nous n'allons pas rester éternellement dans les réformes hospitalières », souligne le ministre qui annonce que 60 cadres inspecteurs de son département sont déjà sur le terrain dans une opération d'inspection et d'évaluation des hôpitaux. Selon lui, aucun responsable ne sera épargné s'il s'avère défaillant dans sa mission. « Il faut que nous arrivions à identifier celui qui travaille et celui qui ne travaille pas », a ajouté le ministre avant d'annoncer qu'un programme de formation sera mis en place prochainement au profit des gestionnaires des établissements publics des hôpitaux. Dans cette perspective, le ministre entend imposer à chaque gestionnaire de se fixer un objectif à atteindre et beaucoup plus de rigueur. Des pointeuses contre l'absentéisme Dans cette perspective, pour mieux gérer l'assiduité des personnels et lutter contre l'absentéisme et les retards, il a préconisé de mettre en place des pointeuses. Et ne plus se montrer évasifs sur la notation qui détermine le montant de la prime de rendement. En insistant sur la bonne prise en charge des malades dans l'ensemble des structures sanitaires, le ministre met en garde les gestionnaires contre l'absentéisme spécialement au cours du mois de ramadhan et la saison estivale. Il a estimé, à ce sujet, que le planning des congés doit être préalablement élaboré pour assurer la continuité du service public de la santé. « Je ne tolérerai aucune absence, surtout de la part des médecins spécialistes. Je demanderai des comptes au gestionnaire et c'est lui qui payerait s'il y a défaillance dans les services », souligne-t-il. Au deuxième jour de sa visite dans la wilaya de Tébessa, Abdelmalek Boudiaf s'est rendu dans la commune d'El Olga, située à plus de 70 km du chef-lieu de la wilaya. En inspectant la polyclinique qui vient d'être restaurée et équipée, le ministre qui a émis des observations sur le respect du nouveau planning de vaccination a été interpellé par les citoyens de cette commune. « Nous sommes isolés et sans clinique d'accouchement. Il n'y a qu'une sage-femme qui assure les accouchements et souvent elle est absente », lance un citoyen qui semblait s'exprimer au nom de tous. Dans la même commune, le ministre a inspecté le projet de réalisation d'un hôpital de 60 lits, dont les travaux ont atteint un taux d'avancement appréciable. Là aussi, les citoyens ont interpellé le membre du gouvernement sur l'absence de sages-femmes et l'abandon de centres médicaux. En réponse à ces doléances, le ministre s'est engagé à faire inscrire une vingtaine de bachelières à l'école paramédicale pour suivre une formation de sage-femme. Boudiaf dira par la même occasion que sa visite dans la wilaya s'inscrit dans le cadre du suivi des projets de réalisation et de la mise en œuvre des réformes hospitalières destinées à redynamiser le secteur. Il notera avec satisfaction que Tébessa a connu, depuis 2013, une évolution considérable en matière d'encadrement sanitaire. « Elle est passée de 36 à plus de 80 spécialistes dans le secteur public et à plus de 70 spécialistes dans le secteur privé. Cela montre que les réformes hospitalières commencent à porter leurs fruits », a indiqué Boudiaf, tout en annonçant que la prochaine étape de la réforme sera concentrée sur l'amélioration de la gestion et la formation des cadres gestionnaires.