Les enquêteurs français ont confirmé les révélations des médias américains Aviation Herald, Wall Street Journal et CNN, évoquant, en premier, la détection d'une « épaisse fumée » en cabine au niveau des toilettes et près du cockpit de l'Airbus A320 d'EgyptAir qui s'est abîmé, jeudi dernier, non loin d'une île grecque à 290 km de la côte nord de l'Egypte. Serait-ce suffisant pour accréditer la thèse de l'accident d'origine criminelle ? Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui a dépêché trois enquêteurs en Egypte, confirme l'émission des messages Acars (Aircraft Communication Addressing and Reporting System) transmis durant le vol et destinés à la maintenance, et reste toutefois circonspect. « Il est beaucoup trop tôt pour interpréter et comprendre les causes de l'accident tant que nous n'avons retrouvé ni l'épave, ni les enregistreurs », a déclaré un porte-parole. Le mystère de l'A320, qui a décollé de Paris avec à son bord 66 personnes dont 30 Egyptiens et 15 Français, reste entier. Si les premiers débris de l'appareil ont été découverts à 290 kilomètres au nord d'Alexandrie par les avions et navires déployés par l'armée égyptienne, les causes du crash prêtent à équivoque. Le site consacré à l'aviation Avherald a révélé que les messages automatiques Acars indiquent la présence de la fumée dans les toilettes, dans le système avionique, les équipements électroniques, électriques et informatiques qui aident au pilotage de l'avion, puis un défaut du FCU (Flight Control Unit), le panneau de commande du pilote automatique. Aucun message de détresse n'a été toutefois transmis, selon des sources proches de l'enquête qui ont réfuté la déclaration du ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, mentionnant les virages effectués par l'avion peu avant la disparition du radar de l'avion. Il a affirmé que l'A320, qui se trouvait à une altitude de 37.000 pieds (plus de 11.200 m), « a effectué un virage de 90 degrés à gauche, puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 à 15.000 pieds ». Le syndrome de l'explosion en plein vol d'un avion de touristes russes (224 morts) au Sinaï, le 31 octobre 2015, refait surface. L'ombre de Daech plane sur la catastrophe du MS804 reliant Paris au Caire avec 66 personnes à bord, dont 30 Egyptiens et 15 Français. La bombe, qui avait désintégré instantanément le charter russe, provoquant ce que des experts avaient qualifié de « dépressurisation explosive » en raison de la très haute altitude du vol à ce moment là, environ 11 km, a rendu impossible l'émission d'un message de détresse. Ce qui semble être aussi la particularité de l'Airbus égyptien. Aucun message de détresse n'a été lancé. Et, si Paris, visé par les attentats de janvier et 13 novembre 2015, a encore basculé dans l'horreur ? Le débat est donc relancé sur la thèse de l'attentat, privilégiée par le gouvernement égyptien et la communauté des experts. Trois jours après le drame, en l'absence de toute revendication, seule l'analyse des débris de l'avion, des corps et, surtout, des deux enregistreurs de vol, permettra de faire toute la lumière sur les raisons du crash. Les navires de l'armée égyptienne et le patrouilleur français, qui ont été dépêchés sur les lieux, ont entamé la course contre la montre pour retrouver les « boîtes noires » et les victimes. L'ambassadeur de France au Caire a rappelé que les balises des enregistreurs ne peuvent émettre que « quatre à cinq semaines » avant un épuisement des batteries. EgyptAir a annoncé la découverte de « débris, quelques effets personnels des passagers, des membres humains, des valises et des sièges de l'avion ». Le voile sera-t-il levé sur le crash du vol MS804 d'EgyptAir ? « Toutes les hypothèses sont examinées et aucune n'est privilégiée », a précisé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'une rencontre à Paris avec les familles des victimes.