L'Algérie abrite des espèces d'oiseaux et de mammifères insoupçonnées. Après la découverte de la sitelle kabyle des Babors ou encore la sitelle algérienne par un pur hasard en 1975, la richesse faunistique demeure méconnue pour les ornithologues algériens et étrangers. Une invitation à répertorier ces animaux parfois rares afin de les protéger et d'établir une carte précise de ces espèces a été formulée, hier, par des chercheurs dans la cadre de la tenue d'une journée d'étude sur la sitelle kabyle et le djebel Babor. Cette initiative de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ENSA) s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la biodiversité et du quarantième anniversaire de la découverte de la sitelle kabyle par Jean-Paul Ledant d'où son appellation aussi de sitelle ledanti. La présence et la participation de deux anciens de l'ENSA, département de foresterie et de protection de la nature, Jean-Paul Ledant et Koenrad Smet, venus spécialement de Belgique, a été fortement saluée. Durant cette journée, un vibrant hommage a été rendu à Boumediène Madoun, Kamel Benmessaoud et Bouzid Chalabi, des enseignants de l'ENSA décédés récemment. Le conférencier J-P Ledant est revenu sur les circonstances de la découverte de la sitelle dans les monts enneigés des Babors. C'est dans cette vaste étendue de sapins, unique au monde, qu'il découvre « un piaf jaune-orange semblable à la sitelle corse. « C'est le sourcil blanc qui attira mon attention », dira-t-il. Au mois d'avril 1976, un comité scientifique se rend sur les lieux pour confirmer la nouvelle espèce. Elle constitue l'unique espèce d'oiseau endémique d'Algérie qui se trouve en danger de disparition devant « les fluctuations qui augmentent avec la variabilité climatique, les émanations du CO2 et l'abattage d'arbres, seuls abris des sitelles », dira J-P Ledant. Toutefois, le futur Parc national de djebel Babor, dont l'idée est portée par l'AREA-ED en partenariat avec l'INRAA et financé par le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques, permettra de repeupler la région de sapins de Numidie qu'affectionne la sitelle ledanti. Les mammifères, leur habitat et comment organiser leur protection ont été au centre de l'intervention de K. Smet. Il mentionnera que « l'Algérie est l'espace le plus important pour certains animaux comme le guépard et autres populations viables qu'il faut savoir répertorier ». Sur la base de clichés pris dans différentes régions du Sud et des Hauts-Plateau, le conférencier démontrera la diversité de la faune dans notre pays. Une situation qui lui fera dire que « le défi est là, il faut le relever. Il est énorme et concerne la localisation et le listing de la richesse faunistique nationale ». De son côté, Mohamed Bencharif est revenu sur le projet de création du parc national Babor-Tababort. Lancé en avril 2014 et dont la clôture est prévue pour le mois d'octobre 2016, ce projet de 25.000 ha de superficie est constitué de trois zones. La zone centrale (réserve intégrale), où toute activité est strictement interdite, la zone tampon et la zone de transition. Cette dernière protège les deux dernières et sert de repère à toutes les actions d'écodéveloppement. Des recommandations sanctionneront cette journée qui sera suivie par un programme marqué par la visite du site de la sitelle et des activités culturelles au village Medjergui (Babors).