La réunion tripartite réunira, aujourd'hui, à Alger, le gouvernement, le patronat et la centrale syndicale. Experts, opérateurs et syndicalistes s'accordent à dire que le plus important est de sortir avec des recommandations concrètes, à même de donner un nouveau souffle et surtout un coup d'accélérateur à la croissance économique. Les acteurs de cette tripartite convergent également sur la nécessité de placer l'entreprise productive au cœur de cette nouvelle démarche de dynamisation de l'économie nationale en renforçant l'esprit de la concurrence et en libérant l'acte d'investissement. D'après l'expert en économie Mustapha Mekideche, la conjoncture actuelle exige l'introduction d'un nouveau régime de croissance qui donnera du tonus à la production nationale. Cela signifie, a-t-il, qu'il est attendu l'émergence d'un partenariat privé, « puissant et significatif ». Pour ce faire, l'expert soutient qu'il est impératif de « commencer par la liquidation des rentes » ainsi que par la réhabilitation du rôle du conseil de la concurrence. Seule la compétition « permet aux meilleurs de s'affirmer et de se développer » a-t-il d. Il ne suffit pas, a-t-il ajouté, de mettre un modèle économie « technocratique » ; il faut que ce dernier « os'appuie sur la réalité économique et sociale du pays ». nécessité de reconstruire un contrat social Les partenaires sociaux devront lors de cette rencontre trouver un consensus. Faute de quoi, il ne peut, selon le même expert, y avoir une appropriation du projet en question. Il a mis ainsi l'accent sur la nécessité de « reconstruire un nouveau contrat social sur la base de ce paradigme de croissance ». C'est là où résident, a-t-il fait observer, les chances du succès de ce nouveau modèle, equel vise principalement la diversification de l'économie, la réindustrialisation du pays et le renforcement de l'investissement. Pour Mekideche, cette tripartite est aussi une occasion pour aborder le dossier inhérent aux subventions « parce que le gaspillage est énorme ». Belmihoub, expert en économie, a soutenu que la performance d'une économie dépend de son système de concurrence. Il faudrait placer cet aspect comme une priorité, a-t-il souligné, ajoutant qu'il est également impératif de stabiliser la monnaie nationale à travers le renforcement de l'outil productif national. Il est également nécessaire, de son point de vue, d'améliorer le climat des affaires et trouver des mécanismes de financement des entreprises. Il plaide pour « une réforme structurelle profonde » qui garantit, entre autres, le droit de propriété et pour mettre un terme aux subventions accordées au entreprises publiques. Il serait plus judicieux de « subventionner les secteurs d'activité et non pas les entreprises ». Définir les priorités Mohamed Laid Benamor, président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, a mis l'accent, quant à lui, sur l'impératif de définir les priorités et de tracer les objectifs. Il a ainsi cité la sécurité alimentaire et la sécurité numérique comme moteur de développement. « l faudrait une décision courageuse pour réaliser une évolution économique », a-t-il dit, en précisant que les opérateurs espèrent plus d'encouragement en matière fiscale, de disponibilité du foncier. Promouvoir la production nationale sur les marchés internationaux constitue un des objectifs tracés par le gouvernement qui vise à densifier les exportations hors hydrocarbures. Une décision saluée par l'association nationale des exportateurs algériens. Son président Ali Bey Nasri a souligné que le nouveau modèle de croissance devra apporter une stratégie nationale d'exportation, laquelle devra « déterminer les filières porteuses de croissance à l'export », appelant à la révision de la réglementation de change pour accorder plus de liberté aux exportateurs. L'évaluation du pacte de croissance s'impose Pour le représentant de l'UGTA, Amar Takdjout, l'occasion de cette tripartite sera propice pour établir un diagnostic. L'évaluation du pacte économique et social de croissance ainsi que les mécanismes mis en place en vertu de la loi de finances pour 2009 au profit des entreprises, s'impose. C'est ce qui permettra, a-t-il dit, de savoir quels sont les mécanismes qui ont été efficaces et ceux qui sont en décalage par rapport à la réalité du terrain. « Il faut faire un bilan juste et responsable », a-t-il estimé, déplorant le fait que « l'économie nationale donne des frémissements mais n'avance pas à un rythme accéléré ». Il y a également nécessité d'établir l'inventaire des entreprises privées industrielles en vue d'établir une cartographique nationale des entreprises industrielles. Sur le plan social, il ne va pas y avoir grand-chose d'autant que cette tripartite revêt un caractère purement économique. La question salariale n'est pas à l'ordre du jour, d'après les déclarations du ministre du Travail. Le dossier de la retraite sera, par contre évoqué, selon Achour Telli, SN à l'UGTA, avec la perspective de supprimer la retraite anticipée et de revoir à la hausse l'âge de départ à la retraite. Il est question d'assurer l'équilibre financier de la Caisse nationale des retraites.