Photo : Mahdi I. Le philosophe américain, Francis Fukuyama, avait écrit, au lendemain de la chute du bloc soviétique, un article qui a fait date : La fin de l'histoire. Plus de vingt ans après, la thèse continue de nourrir les analyses des spécialistes des questions internationales. Dans une conférence-débat portant sur «Les défis stratégiques mondiaux à l'horizon 2030», qu'il a animée hier à Alger, sur invitation du Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS), le rédacteur en chef de la célèbre «Défense nationale», le contre-amiral français Jean Dufourcq a soutenu l'idée de la fin d'«un âge historique» qui aurait débuté au 17e, époque où l'Etat était le seul maître des relations internationales. Epoque, explique encore ce consultant auprès de l'Otan, qui tire à sa fin, en raison d'un certain nombre d'éléments qui ont pour rôle de changer la face du monde tel qu'il a été conçu après la Seconde Guerre mondiale et le déclin de l'URSS. M. Dufourcq met en avant quatre observations fondamentales : l'apparition de nouveaux défis, la mise à rude épreuve du modèle occidental qui a servi jusqu'ici de référence, l'émergence de nouvelles puissances et enfin la subsistance de ce qu'il désigne par les « Trois inconnues ». Parlant de nouveaux défis, le spécialiste en questions internationales met l'accent sur la poussée démographique dans le monde, dont le nombre d'habitants atteindra, d'ici à 2050, 9 milliards, créant ainsi un précédent mondial, mais aussi et surtout une nouvelle manière de concevoir les relations internationales. Notamment pour ce qui est de ce qu'il appelle l'« exigence écologique » et le « spectre » de la pénurie des ressources naturelles qui angoisse aujourd'hui toute la planète. La seconde observation traite de la « désuétude » du modèle occidental dont ses principales caractéristiques (économie libérale, démocratie parlementaire…) sont remises en question depuis la crise financière qui a secoué le monde en 2008, ou le désintérêt, de plus en plus manifeste, des masses occidentales pour la chose politique, sans parler de la disparition progressive de l'ère des majorités élues. Pour ce qui est de l'émergence de nouvelles puissances et le rôle crucial qu'elles sont appelées à jouer dans ce nouveau monde, l'intervenant parle, en plus de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Afrique du Sud ou encore de la Turquie. Enfin, si conférencier se dit persuadé de la fin d'une époque historique, il n'en dit pas plus à propos des contours que prendra demain la future vie de l'humanité. D'où ces « trois inconnues », l'avenir de l'Amérique, de la Chine et de l'Afrique.