L'affaire WikiLeaks qui continue de défrayer la chronique mondiale, a été le thème d'une conférence débat organisée hier par le Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS), animée par le directeur général de la Société de sécurisation du réseau informatique (SSRI), Derdouri Abdelaziz. Un tour d'horizon sur les révélations du site mais surtout les enjeux sécuritaires charriés par la révolution informatique que connaît le monde ont été développés par le conférencier qui a tenu à mettre à l'écart la thèse de « manipulation ou pas du site wikileaks » dans son exposé. WikiLeaks, qui signifie en français (fuites rapides) renferme un ensemble d'informations de sources généralement anonymes dont l'auteur est l'activiste australien, Julian Assange, considéré comme « un recherché, le sang dans les mains » compte tenu de l'impact des révélations de par le monde, indique le directeur de la SSRI. Il cite, comme affaires « scandaleuses » révélées dans ledit site depuis déjà quelques années à l'image de l'implication d'une banque suisse dans des activités illégales en 2008, la publication des noms des membres du parti anglais de l'extrême-droite, la guerre en Afghanistan et l'occupation de l'Irak. « La plupart de ses publications déclenchent de violentes polémiques au plus haut niveau ». Les réactions que suscite WikiLeaks sont partagées entre les pour et les contre, constate le conférencier. Même si le processus ne semble pas réversible, comme le souligne le directeur Derdouri, le site a été la cible de milliers d'attaques. Ainsi, pas moins de 5 000 internautes sont impliqués dans ces attaques, ajoute le conférencier. Comme conséquence, le site fait face à des problèmes techniques et financiers qui menacent son existence même. Cependant, l'action de WikiLeaks trouve aussi des défenseurs, tel cet adolescent Hollandais de 16 ans qui a mis son ordinateur à la disposition du site, dira encore le directeur. Celui-ci ajoute que l'enjeu suscité dépasse le cercle des révélations pour poser la problématique de la sécurité même de l'équipement informatique. Le directeur de la SSRI cite l'exemple de l'Inde qui a résilié un contrat d'acquisition d'un équipement informatique « soupçonné » de la Chine. Il dira à ce propos que « la régulation du développement du logiciel est actuellement minutieusement étudiée dans plusieurs pays ». Sur une question liée à la sécurité de l'équipement informatique au pays, M. Derdouri Abdelaziz note la prise de conscience chez les autorités dans l'acquisition de l'équipement sensible : « la question est considérée aujourd'hui comme une véritable menace au même titre que le terrorisme ». Pour le directeur, « la cyber-sécurité ne se limite pas au seul aspect défensif mais il faut passer nécessairement à l'offensif ». Invité à donner son avis sur les enjeux qui entourent les révélations du site WikiLeaks, Derdouri estime qu'il « ne peut y avoir des manipulations compte tenu de l'énorme préjudice porté au département américain ».