Alors qu'ils entament leur dernière année de contrat, Robben et Ribéry auront un challenge de taille : convaincre Carlo Ancelotti de refaire d'eux des piliers du Bayern Munich. Il n'y a pas si longtemps, ils surfaient sur une onde d'enthousiasme délirant. Aujourd'hui, Arjen Robben et Franck Ribéry sont à mille lieux de la forme resplendissante qu'ils affichaient il y a quelques années. En 2013-2014, Ribéry était le grand artisan du triplé historique championnat-Coupe-Ligue des champions réalisé par le Bayern, avec à la clé le titre de meilleur joueur européen de la saison. La même saison, Robben, qui dispute sa troisième finale avec le club bavarois, marquant le but de la victoire trois minutes avant la fin du temps réglementaire, alors qu'il avait déjà délivré une passe décisive à Mario Mandzukic. Une performance faisant tout simplement de lui l'homme du match le plus suivi du continent. Un an plus tard, le Français arrivait sur le podium du Ballon d'Or, récoltant enfin la reconnaissance de tous ses pairs, tandis que son coéquipier néerlandais s'offrait la quatrième place. Mais depuis, tout a changé. Du terrain à l'infirmerie Depuis le Mondial 2014 avorté pour cause de blessure, l'ex-Marseillais vit un véritable cauchemar. Seulement 9 titularisations en 2014-2015 pour moins de 1000 minutes en Bundesliga, les premières rechutes, et même des signaux inquiétants envoyés par sa direction. « Depuis quelques mois, il est souvent à l'infirmerie, il n'est plus tout jeune », lançait Franz Beckenbauer en mai 2015. Finalement, un an plus tard, malgré quelques retours toujours étincelants sur les terrains allemands, l'ancien international français peine à retrouver la régularité des grands jours. Le dos est touché, puis le tendon rotulien et enfin les chevilles. Le Kaiser n'est plus. D'ailleurs, Pep Guardiola étouffe rapidement ses illusions sur son come-back, et recrute, d'abord sous forme de prêt, un jeune ailier au potentiel impressionnant, Kingsley Coman. Rapide, technique, efficace, le jeune Français assume son rôle de successeur et très vite, l'élève fait oublier le maître, cantonné à regarder les grands matches depuis les tribunes. « J'espère qu'il sera le nouveau Ribéry », avait d'ailleurs concédé le Nordiste à Goal, passant le témoin à l'ancien Parisien. Cette saison, la nouvelle pépite des Bleus a attiré tous les projecteurs, s'offrant même le titre de meilleur passeur de la Ligue des champions avec pas moins de 5 caviars distribués. Quand Beckenbauer a ajouté qu'il fallait désormais « procéder progressivement à un changement de génération », cela valait pour les vétérans de l'équipe, à commencer par l'autre victime des rechutes à répétition, Arjen Robben (Bastian Schweinsteiger étant, lui, finalement parti à Manchester United). Là encore, le talentueux Néerlandais a vu débarquer la concurrence. Douglas Costa, recruté pour passer d'une aile à l'autre, est très vite devenu le premier choix de Pep Guardiola. Un dribble ravageur, une efficacité indéniable : le Brésilien s'est imposé, lui aussi, et aux yeux du coach catalan, le Néerlandais ne semble plus jouir du même statut d'incontournable. « Guardiola m'a donné sa confiance. Je pense avoir comblé le vide laissé par les blessures », disait Douglas Costa dans une récente interview.
L'arrivée d'Ancelotti, un second souffle S'ils ont eu tout le loisir de s'offrir un retour progressif et adapté à leurs besoins physiques, Robben et Ribéry n'ont désormais plus le choix : c'est maintenant ou jamais pour revenir sur le devant de la scène, d'autant plus qu'à 32 et 33 ans, les deux ailiers entament la dernière année de leur contrat chez le quadruple champion d'Allemagne. « Je n'exclus pas que nous prolongions les deux. Les deux devront être patients. Il est normal d'attendre un peu plus longtemps avec des joueurs qui ont plus de 30 ans », a d'ailleurs prévenu Karl-Heinz Rummenigge, le président du club bavarois il y a moins de deux semaines. D'autant plus que les deux recrues, célébrées autour d'un duo « Co-co » pour faire oublier le « Robbery » tendance d'il y a encore deux ans, incarnent une nouvelle génération sûre d'elle devant les caméras, explosive sur le terrain. Sur les ailes, Guardiola avait l'embarras du choix, mais il a rapidement fait des deux jeunes joueurs ses préférences. Avec l'arrivée d'Ancelotti, les cartes pourraient-elles être redistribuées ? Une chose est sûre, les prédispositions de Guardiola pour les jeunes poulains vont filer vers Manchester City. Et Ancelotti débarque avec son style plus physique. Qu'il évolue dans un 4-2-3-1 classique avec un duo sur les ailes, qu'il adopte le 4-4-2 favorable à un Lewandowski en 9 avec un joueur de soutien, ou qu'il revienne au 4-3-2-1 du Milan, le tacticien italien aura des choix difficiles à faire pour satisfaire son goût pour les contres fulgurants. Son projet ? Redessiner le visage de l'équipe allemande, et assurer sa pérennité, avec les prolongations de cadres tels que David Alaba, Jérôme Boateng, Javi Martínez et Thomas Müller (tous liés jusqu'en 2021). Les deux vétérans Robben et Ribéry ne font pas encore partie des projets d'Ancelotti, mais ils devront tout donner pour repasser devant leurs successeurs annoncés, qui disputeront d'ailleurs chacun une prestigieuse compétition internationale (Copa America pour l'un, Euro pour l'autre), tandis que les trentenaires resteront au frais pour l'été.