Photo : Makine F. Irdjen est une localité située à une quinzaine de kilomètres de Tizi ouzou, une halte sur la route qui monte en s'entortillant vers Larbaâ Nath Irathène (ex-Fort National). C'est une commune qui a les pieds dans l'eau du barrage de Taksebt et en arrière-plan se dressent les monts enneigés du Djurdjura. Ce jeudi, une grande figure de la guerre de libération, le commandant Ahcène Mahiouz a été évoquée lors d'une cérémonie organisée à sa mémoire. L'initiative est celle d'une association née il y a quelques mois à Tizi Ouzou. La première dénommée Tawacult Tagrawliwt, (famille révolutionnaire), vise selon ses promoteurs, à inculquer aux nouvelles générations l'amour de la patrie dans un pays où, selon les mots du président de l'APC, « nous ne devons pas oublier ceux qui ont versé leur sang, laisser derrière eux des veuves et des orphelins». Né en 1921, Ahcène Mahiouz a eu un parcours atypique car il a fait partie de ces militants qui, à l'instar du colonel Mohammedi Saïd, originaire d'un village voisin, avaient intégré les rangs des SS allemands pour combattre la France. Selon les témoignages des moudjahiddine qui l'ont connu, « l'homme aimait beaucoup la discipline et la rigueur ». Il gravira, en tant qu'officier des renseignements et liaison, la hiérarchie militaire de l'ALN. Son nom s'est trop souvent mêlé à l'épisode de la Bleuite. Il a été celui qui a extorqué des aveux à ceux qu'on soupçonnait de collusion avec l'ennemi. Pourtant dans la région de Draâ El Mizan, il a été aussi, selon les témoignages des moudjahiddine, un combattant courageux ayant notamment fait face à l'opération Jumelles qui a porté un rude coup aux maquis à partir de juillet 1959. Si Ramdane, responsable des invalides de guerre, dira de lui « qu'il était le bras droit du colonel Amirouche qui l'avait appelé au PC en 1958 ». Les élèves des 3e et 4e AM, qui ont écouté les témoignages, ont beaucoup appris sur l'évolution politique du mouvement nationale retracée par Omar Kerradja auteur d'ouvrages sur l'histoire de la pénétration française dans cette région. M. Arrad, membre de l'association, a fourni par railleurs un précieux témoignage sur la vie de Mahiouz après l'indépendance. Député à la première assemblée constituante, il rejoindra ensuite le FLN dans le sillage de Mohand Oulhadj qui avait poussé les membres du commandement de sa wilaya à rejoindre le parti. Jusqu à sa mort en mai 1975, il sera chargé du contrôle du secrétariat permanent du parti. « J'avais notamment fait une mission avec lui en 1969 pour le contrôle des élections dans la wilaya de Tlemcen », évoque M. Arrad qui louera aussi la droiture de l'homme qui s'est montré attentif au sort des enfants des chahid « comme Noureddine Amirouche qui était souvent dans son bureau ». « Nous avons alors été reçus par Affane Djillali et ce jour-là, Mahiouz s'est dit contre ces anciens officiers qui acceptaient d'importantes sommes d'argent ». Il s'est toujours tenu loin des circuits de corruption. Son unique enfant, Abdallah invité pour la circonstance, se débat encore pour acquérir un…logement. Les élèves, habitués souvent à une histoire désincarnée, connaissent désormais qui est véritablement Ahcène Mahiouz dont le portrait orne les couloirs de leur établissement scolaire aux côtés d'autres artistes qui font la gloire de la région.