« Coups de feu, échanges de tirs nourris de nouveau près de la Maison de l'ONU, et continuent depuis environ 08H25 » (05H25 GMT), a rapporté la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss). Les Nations unies gèrent un camp de déplacés victimes de la guerre civile qui oppose, depuis décembre 2013, les forces fidèles au président Salva Kiir, et celles de son rival, le vice-président Riek Machar. Des soldats des deux parties sont stationnés près du camp de l'ONU et des habitants de la zone se sont réfugiés dans l'enceinte, alors que l'ONU faisait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'armes lourdes. Un porte-parole de Machar a rejeté la responsabilité de ces nouveaux combats sur les soldats gouvernementaux. « Nos forces ont été attaquées sur la base de Jebel », a déclaré James Gatdet Dak, affirmant que l'assaut avait été repoussé. « Nous espérons qu'il n'y aura pas d'escalade », a-t-il dit. Les violences, les premières à Juba depuis la signature d'un accord de paix en août 2015 entre Kiir et Machar, ont débuté jeudi dernier avec un accrochage qui a fait cinq morts parmi les soldats du camp présidentiel. Les affrontements ont ensuite repris vendredi soir, faisant « plus de 150 morts », selon un porte-parole de Riek Machar, Roman Nyarji. Les tirs d'armes automatiques, puis de mitrailleuses et d'artillerie lourde, ont été entendus en plusieurs endroits de la capitale pendant environ une demi-heure. Ils ont ensuite cessé à la suite d'un appel conjoint des deux rivaux. Dans le cadre de l'accord de partage du pouvoir de l'an dernier, Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec Kiir un gouvernement d'union nationale. Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions. Fin juin, un responsable d'une commission de surveillance du cessez-le-feu a qualifié le niveau des violences d'« épouvantable ». Les affrontements ont assombri le jour anniversaire, samedi, de l'indépendance conquise sur le Soudan après une longue guerre. L'accord de paix de l'an dernier ne tient qu'à un fil et la population n'a jamais eu aussi faim. A la différence des années précédentes, aucune célébration de l'indépendance n'a été organisée, officiellement pour manque de fonds. La journée a été calme mais la tension est restée vive dans la capitale. Depuis décembre 2013, les combats entre forces pro-Kiir et pro-Machar ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans un conflit compliqué par des hostilités entre ethnies et des luttes au niveau local. Ils ont provoqué une crise humanitaire, forçant près de trois millions d'habitants à fuir leurs foyers et quelque cinq millions, plus d'un tiers de la population, à dépendre d'une aide alimentaire d'urgence. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a dit la semaine passée son « inquiétude » face à une situation qui « illustre encore une fois le manque d'engagement réel des parties dans le processus de paix, et représente une nouvelle trahison du peuple du Soudan du Sud, déjà victime d'épouvantables atrocités depuis décembre 2013 ». L'International Crisis Group a récemment appelé les Etats garants de l'accord de paix à agir « de toute urgence » pour le sauver et « empêcher le pays de retomber dans un conflit à grande échelle ».