L'Unesco a ouvert, dimanche dernier au soir, sa 40e session à Istanbul, ville encore récemment meurtrie par le terrorisme, et appelé la communauté internationale à apporter « une réponse forte » aux extrémismes en se mobilisant pour la préservation du patrimoine et de la culture. Exprimant « la profonde sympathie » et « les condoléances » de l'Unesco au peuple turc, Irina Bokova, la directrice générale de l'agence onusienne, a expliqué lors de son discours d'ouverture que le choix d'Istanbul, « qui a jeté un pont entre l'Est et l'Occident », devait être vu comme un « message important » pour le monde à un moment où des « extrémistes violents ciblent la diversité culturelle ». « La réponse (de la communauté internationale) doit être forte » face « aux extrémismes qui ciblent et manipulent la culture et alimentent la peur », a-t-elle dit. « A Istanbul, plus que la nouvelle liste du patrimoine, il s'agit de réaffirmer les valeurs humaines, les droits de l'homme et de se servir du patrimoine pour reprendre confiance », a-t-elle ajouté. « Nous appartenons à la même famille et c'est précisément ce que les extrémistes veulent détruire », a dit Mme Bokova, évoquant « les pertes de vies humaines et les destructions des sites culturels » de Palmyre ou d'Alep, en Syrie, ou de Mossoul, en Irak. Le patrimoine mondial est attaqué « du Mali au Yémen » par le terrorisme, a-t-elle déploré. Lors de cette session de l'Unesco, près de 30 sites du monde entier espèrent faire leur entrée sur la liste du patrimoine qui comprend 1.031 sites de 163 pays. Le choix final appartient au comité du patrimoine composé de 21 pays. Retoquée en 2009 et 2011, la candidature d'œuvres de l'architecte franco-suisse Le Corbusier revient remaniée. Le dossier, porté par la France, regroupe 17 sites choisis dans sept pays pour montrer la dimension planétaire de l'œuvre de Charles-Edouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier (1887-1965). Est également en lice le Brésilien Oscar Niemeyer (1907-2012), l'un des pères de la capitale Brasilia. Son pays propose d'inscrire sur la liste du patrimoine mondial l'ensemble moderne de Pampulha, un centre de loisirs conçu en 1940 autour d'un lac artificiel à Belo Horizonte. Mais plusieurs dossiers sont liés à la préhistoire : la réserve de Mistaken Point (Canada), avec ses fossiles de plus de 560 millions d'années, les sites d'art rupestre de Zuojiang Huashan (Chine) qui datent du Ve siècle avant JC ou les dolmens d'Antequera (Espagne). Des sites naturels sont également en compétition (désert de Lout en Iran, archipel de Revillagigedo au Mexique, la chaîne des Puys en France...). Lors de cette session qui s'achèvera le 20 juillet prochain, le comité mondial de l'Unesco doit aussi réviser la liste des sites « en péril », au nombre de 48 à ce jour. Sept sites pourraient y être ajoutés, dont la vallée de Katmandou frappée par un violent séisme en 2015.