Les zones d'ombre de l'attentat au camion-bélier de Nice commencent progressivement à s'estomper. Les différences d'appréciation entre le Premier ministre, Manuel Valls, et son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, ont globalement convergé sur la radicalisation récente de l'auteur. A l'issue de la réunion de crise du gouvernement, Cazeneuve a admis que ce dernier « se soit radicalisé très rapidement » et conforte la piste de l'islamisme radical pleinement revendiquée par Daech. Un « soldat de Daech » ? Au sommet, la messe est dite sur le profil du Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dont la religiosité est évoquée clairement pour la première fois lors de l'audition des témoins, battant en brèche les assertions sur le caractère de déséquilibré en crise avec sa famille et son entourage. Dans la planification et l'exécution de l'horrible attentat, tout indique que le passage à l'acte est mûrement réfléchi. Une source proche des enquêteurs a ainsi révélé que le tueur a procédé, la veille, au repérage des lieux. Le camion frigorifique a été réservé dès le 4 juillet pour être récupéré le 11 juillet. Le choix de la date symbolique du 14 juillet, célébrant la Fête nationale française, s'attaque aussi au socle historique et aux valeurs fondamentales. Il est acquis que le carnage de la Promenade des Anglais intègre le projet destructeur du terrorisme de masse particulièrement privilégié par le recours au camion-bélier écrasant tout sur son passage pour faire, sans distinction, le plus grand nombre de victimes civiles : 84 morts dont au moins 17 étrangers. Aujourd'hui, la fin des 3 journées de deuil sera marquée par le retour à la normale à Nice qui verra la réouverture de la Promenade des Anglais. Le débat reste posé sur la guerre contre Daech coupable aux yeux de l'opposition d'insuffisances et de failles sécuritaires. Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le Premier ministre a mis en garde contre les surenchères émanant de la droite appelant à « faire plus et mieux » et, dans le cas du Front national, à la démission du ministre de l'Intérieur au regard des « carences gravissimes ». « Je vois bien, aussi, dans l'escalade des propositions, monter la tentation de remettre en cause l'Etat de droit » assimilé à une remise en cause des valeurs et le « plus grand renoncement ». Dans la foulée de l'Etat d'urgence et des lois antiterroristes, décrétés il y a 8 mois, le durcissement sécuritaire annonce la mobilisation de 100.000 policiers, gendarmes et militaires en charge de la sécurité des citoyens et le renforcement des effectifs de l'opération Sentinelle maintenus, « jusqu'à la fin de l'été », à 10.000 hommes contre les 7.000 prévus dès la fin de l'Euro-2016. Le temps des « patriotes », validé par le ministre de l'Intérieur, est venu pour la France socialiste confrontée à la vague d'attentats.