Le président de l'Union nationale des paysans algérien (UNPA), Mohamed Allioui, a affirmé, hier, que 39.000 agriculteurs ne possèdent pas le titre de propriété des terrains exploités dans le cadre de la concession agricole. Ce problème pénalise les fellahs « qui n'ont pas bénéficié de ce document pour plusieurs raisons dont l'héritage, le statut des terres et à cause des blocages au niveau de la direction des domaines et de la justice », a-t-il indiqué, dans une conférence de la presse animée, hier, par la commission de l'agriculture de l'APN. Le président de l'UNPA a salué la décision prise par le ministre de l'Agriculture, et du Développement rural et de la Pêche, Abdessalem Chalghoum portant sur « l'interdiction d'importation des produits agricoles fabriqués en Algérie ». C'est, pour lui, « une mesure protectionniste » de la production locale qui va contribuer à améliorer la qualité, la production et à préserver les emplois. Il a relevé aussi le phénomène de « la prolifération du béton » sur les terrains agricoles. « La nouvelle Constitution prévoit la protection des terres agricoles mais on constate sur le terrain que la situation est catastrophique », a-t-il précisé. Il a déploré l'importation en quantités faramineuses de poudre de lait et de blé qui reste « le plus gros problème qu'il faut absolument éradiquer ». Pour lui, l'Algérie avait tous les moyens pour arrêter cette importation coûteuse au moment de l'aisance financière à travers l'octroi des terres agricoles pour la réalisation de grands investissements dans la région du sud. Il a regretté, à ce propos, que les exploitations agricoles attribuées dans le sud restent « inexploitées ». « Les autorités délivrent un document attestant l'attribution d'un terrain mais sans aucune commodité, ni eau ni autres », a-t-il relevé, ajoutant que « l'investissement dans le sud doit se faire par les grandes entreprises qui possèdent des moyens conséquents pour un rendement certain », a indiqué Allioui. Il a appelé à « cesser de réfléchir en termes d'agriculture familiale à petits rendements ». « L'Agriculture nécessite de l'argent et de la raison », a-t-il insisté. Outre le problème du foncier, l'effondrement du secteur agricole a commencé depuis longtemps et pour plusieurs raisons. « Bien avant la chute des prix du pétrole, nous avions appelé à la rationalisation des dépenses et à l'indexation du budget de l'Etat et de nos réserves de change sur des paramètres logiques et non sur un prix référentiel de 37 dollars. Cette situation a complètement bouleversé la tendance et mis le secteur agricole dans une situation délicate », a-t-il indiqué. Allioui n'a pas manqué de critiquer « l'attitude » de certains responsables du secteur de l'Agriculture « qui n'ont pas écouté les agriculteurs ». Il a remercié l'ancien ministre de l'Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi « qui était à l'écoute des agriculteurs et a réglé beaucoup de problèmes dont la situation socioprofessionnelle des agriculteurs qui cotisent à la Casnos ». Il a appelé les pouvoirs publics à « l'application des décisions sanctionnant les agriculteurs n'ayant pas procédé à l'exploitation des terres qui leur ont été attribuées ». Cette conférence s'est tenue à l'occasion de l'édition d'un nouvel ouvrage par la commission de l'agriculture, de la pêche et de la protection de l'environnement portant sur « une synthèse des travaux des journées d'étude organisées en mars dernier ». Intitulé « L'agriculture et l'environnement utile », cet ouvrage propose « une série de mesures et de solutions techniques aux problèmes des filières déficitaires en Algérie comme la pomme de terre, les olives, la tomate, la transformation industrielle et autres », a affirmé Mohamed Saâdaoui, président de la commission. L'ouvrage a été élaboré en collaboration avec les acteurs du secteur et ses spécialistes universitaires.