A quelques jours du coup d'envoi des jeux Olympiques 2016, rien ne semble indiquer que Rio de Janeiro est la ville hôte de ce grand rendez-vous sportif mondial au moment où les autorités brésiliennes sont sur le qui-vive face à la menace terroriste qui pourrait passer à l'action à tout moment. Dans un pays secoué par une double crise économique et politique, les Cariocas n'ont vraiment pas la tête à ces jeux que la ville de Rio va abriter à partir du 5 août prochain et ce durant plus de deux semaines. Dans les avenues et les grands boulevards de la ville toujours animés et remplis de restaurants, cinémas et banques, les habitants visiblement fatigués par la dureté de la vie quotidienne, vaguent à leur préoccupation de tous les jours. Antonio Rivera, vendeur ambulant de fruits et légumes sur l'une des principales rues de Rio Barra Ribeiro, non loin de Copacabana, n'a pas caché son mécontentent et sa révolte. « L'organisation des jeux Olympiques par Rio de Janeiro est une faute impardonnable commise par les autorités. Le gouvernement brésilien a dépensé des milliards de dollars au moment où le pays est frappé par une grave crise économique. La population n'arrive pas à joindre les deux bouts », s'est indigné ce Brésilien, la cinquantaine à peine. Amine S. un jeune ingénieur algérien travaillant depuis une année pour le compte d'une entreprise française chargée de la réalisation du tramway de la ville, explique le désintéressement de la population de Rio par la dure crise économique qui frappe toutes les franges de la société, sans distinction. Flambée des prix « Les Brésiliens qui aiment beaucoup le sport et le pratique à grande échelle ne sont pas vraiment emballés par les jeux Olympiques en raison des problèmes socio-économiques de ces dernières années qui rendent leur vie très difficile. D'ailleurs, le comité d'organisation des JO éprouve beaucoup de difficultés pour vendre les tickets des différentes compétitions. Même des gens plus ou moins aisés qui travaillent avec moi ne se sont pas précipités pour acheter les billets », a-t-il expliqué à l'envoyé spécial de l'APS. En revanche, pour d'autres habitants de Rio, l'organisation des jeux Olympiques par leur ville est une bonne opportunité pour le pays pour faire rentrer de l'argent et permettre aux gens de travailler au moins durant cette période notamment avec l'arrivée attendue d'un demi-million de touristes. « Le pays a besoin de ces jeux pour redémarrer son économie qui est en panne. L'arrivée massive de touristes étrangers va permettre à l'économie du pays de se relancer et d'offrir aux gens du travail dans plusieurs secteurs notamment l'hôtellerie et la restauration », a soutenu Mario Robeiro, employé dans un bureau de change situé à la Senhora de Copacabana. D'ailleurs, les prix n'ont pas attendu l'arrivée des touristes pour doubler voire tripler notamment au niveau des hôtels qui affichent complets depuis plusieurs jours. Rio sous haute surveillance D'autre part, le gouvernement brésilien qui veut faire de ces jeux, les premiers en Amérique du Sud, une réussite totale sur tous les plans, a mobilisé d'énormes moyens militaires pour assurer la sécurité de tous les participants. Prise d'otages, attentat à la bombe, la police brésilienne se prépare à toutes les éventualités. Les autorités locales ont déjà annoncé récemment avoir déjoué des tentatives d'attaques terroristes sur leur sol. Quelque 90.000 militaires et éléments de la Police nationale dont 67.000 à Rio sont mobilisés pour assurer la sécurité de ces olympiades. 47 000 policiers et sauveteurs, ainsi que près de 20.000 militaires garantiront ainsi la sécurité à Rio. Armés jusqu'aux dents, ils sont postés au niveau des principales artères et rues de la ville à l'instar de l'avenue Marquês de Sapucai. Des patrouilles de Police, de l'armée et de la Guarda civile sont aux aguets à la sortie des bouches du métro et circulent également au milieu de la foule les doigts sur la gâchette, tandis que les hélicoptères survolent régulièrement le ciel gris de Rio. Sur la célèbre plage de Copacabana, considérée comme l'une des plus célèbres au monde avec son sable fin, mais déserte en cette période de grisaille, les soldats avec leurs blindés sont postés tout au long de ses 4,5 km de longueur. Au niveau du quartier général des jeux, situé à Barra da Tijucca à quelque 25 km du centre-ville, l'un des quatre pôles olympiques aux côtés de Doe Doro, Copacabana et Maracana, les lieux sont sous haute surveillance. La présence militaire est partout notamment à l'entrée du village olympique non loin du Media Press Center (MPC). Pour accéder au MPC, les représentants de la presse mondiale accrédités sont passés au peigne fin. Les habitants de Rio qui n'ont pas l'habitude de voir cet impressionnant déploiement militaire dans leur ville estiment que la sécurité de leur pays passe avant tout. Au même moment, le comité d'organisation a déclenché une véritable course contre la montre alors que le compte à rebours des JO-2016 a déjà commencé. Il a mis les bouchées doubles pour que tout soit prêt pour la cérémonie d'ouverture le 5 août. Sur la route qui mène de l'aéroport, les travaux d'embellissement de certains axes sont toujours en cours tout comme les travaux au niveau de certains blocs au village olympique ainsi que les dernières retouches, entre autres la plantation d'arbres et la peinture aux alentours des sites qui accueilleront les différentes disciplines sportives. Mais la grisaille plane encore au-dessus des premiers jeux Olympiques en Amérique du Sud, les plus incertains de ces dernières décennies.