Distante de 85 km à l'est de la ville de Batna et traversée par la route Batna-Biskra, la dechra, construite sur une colline surplombant oued Abdi, a vu naître son premier noyau il y a plus de 10 siècles sur des ruines romaines dont certaines sont encore intactes. Située à la rencontre des oueds de Bouzina et Abdi, Menaâ doit son appellation aux majestueuses et protectrices montagnes qui l'entourent. Pour l'orientaliste Emile Masqueray (1843-1893), le nom de Menaâ proviendrait plutôt d'un terme latin signifiant muraille. Le célèbre historien algérien Ahmed Taoufik El Madani l'avait qualifiée de « Djawharat El Aouras » (joyau des Aurès). Les immeubles de la dechra, réalisés pour leur majorité en deux niveaux, se distinguent par leur modèle architectural amazigh local, différent des thakliât qui sont des greniers collectifs très répandus dans la région des Aurès. La mosquée Sidi Moussa fut la première construction de la cité, selon la tradition orale. Elle aurait été recommandée à la population de la région qui vivait dispersée le long de la vallée par un homme saint dont le nom est porté à ce jour par l'édifice. Bâtie sur un site naturellement inaccessible, la dechra a réuni plusieurs fractions de tribus auréssiennes dont Ath Abdi, Ath Daoud, Ath Bouslimane, Ath Freh et Ath Saâda. Le tissu urbain de la dechra de Manaâ est organisé de manière à préserver l'intimité des habitants. La dechra dispose de cinq entrées principales qui évitent de se perdre dans ses sinueuses ruelles dont la largeur permettant alors le passage aisé d'un homme avec sa monture, soulignent des vieux de Menaâ. La première entrée est Hametchith N'âgab, la seconde Skifet El Kahoua (place pour siroter le café) donnant sur le cours d'Oued Abdi, la troisième Inourère, une aire tabulaire réservée aux activités agricoles, la quatrième Ighzar N'bouras mène aux vergers et la cinquième appelée Aghesdiss donne sur un quartier de la dechra. Les lieux où se rencontrent les femmes sont les Abrahath et les Haskifetk. Sur une crête, à l'est de la dechra, se trouve Dar Echeikh également appelé la zaouïa Ben Abbès qui est l'une des premières zaouïas de la confrérie Kadiria dans le pays. Sa réalisation remonterait à 1660. La zaouïa, dont la mosquée a été bâtie sur des ruines romaines, accueille les tombeaux de deux fils d'Ahmed Bey qui s'y était réfugié après la prise de Constantine en 1837 par l'armée de l'occupation française.