La veille, les forces pro-GNA, composées de milices issues des villes de l'Ouest, principalement celles de Misrata, avaient pris « le contrôle total du quartier al-Dollar dans le centre de Syrte après leur assaut lancé dimanche », selon un communiqué des forces pro-GNA qui ont fait état de cinq morts dans leurs rangs. Les combats se déroulaient, hier, dans un secteur situé entre le quartier al-Dollar et le centre de conférences d'Ouagadougou, quartier général de Daech à Syrte, a-t-il ajouté. Cette percée est intervenue quelques heures après que le chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, et le Pentagone aient annoncé des frappes américaines dans cette ville située à 450 km à l'est de la capitale Tripoli. Les Etats-Unis ont indiqué que les raids contre Daech à Syrte se poursuivraient, mais le chef du GNA a souligné qu'ils seraient « limités dans le temps » et « ne dépasseraient pas Syrte et sa banlieue ». Sarraj, en admettant avoir demandé l'aide américaine, a néanmoins souligné qu'« il n'y aura aucune présence étrangère sur le sol libyen ». La Maison Blanche a confirmé que cette aide « se limitera aux frappes et au partage de renseignements ». Le gouvernement de Tripoli sollicite des frappes américaines Selon un responsable du centre de commandement des opérations à Syrte, les frappes américaines ont été menées aux termes « d'un accord écrit » entre les Etats-Unis et le GNA qui a insisté sur la nécessité d'être « informé préalablement des raids et des données GPS des cibles » pour la sécurité de ses forces. Si l'intervention américaine à Syrte se fait à la demande du gouvernement d'union nationale, les Etats-Unis, - qui frappent Daech en Irak et en Syrie depuis 2014 -, avaient mené des frappes ciblées contre Daech ailleurs en Libye, tuant en novembre 2015 à Derna (est) un terroriste présenté comme « le plus haut responsable du groupe en Libye », et en février 2016 une cinquantaine de personnes dans un bâtiment abritant des terroriste à Sabrata (nord-ouest). Ils sont déterminés à combattre ce groupe qui a profité du chaos dans lequel est plongée la Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, pour s'y implanter et s'emparer de Syrte en juin 2015. Le pays est d'autant plus déchiré. Deux gouvernements se disputent le pouvoir dans le pays livré aux milices, le GNA basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et un cabinet parallèle installé à Tobrouk dans l'Est. Mais le GNA se devait d'agir face à la menace terroriste et la pression de l'Occident inquiet de la présence d'un noyau terroriste dans la rive sud de la Méditerranée. A la faveur d'une offensive lancée le 12 mai pour reprendre Syrte, ses forces sont entrées le 9 juin dans la cité et assiègent depuis les terroristes. Elles ont toutefois été ralenties par les contre-attaques surtout les attentats-suicides. En près de trois mois, plus de 300 membres des forces gouvernementales ont été tués et 1.500 blessés, selon des sources médicales à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), siège du commandement de l'offensive pour la reprise de Syrte. C'est dans ce siège que Sarraj s'est rendu lundi. Il a promis de « mettre tous les moyens à la disposition » des forces combattant Daech à Syrte pour vaincre le groupe terroriste.