Soutenues dans leur opération par l'aviation et l'artillerie lourde, les troupes du gouvernement d'union nationale (GNA) se trouvaient à l'entrée d'une zone s'étendant du centre-ville jusqu'à la mer au nord, sur 5 km2, qu'elles assiègent. Face aux francs-tireurs déployés sur les toits et aux engins explosifs disséminés, ces forces se déplaçaient avec prudence, que ce soit dans les rues ou en entrant dans les maisons dans lesquelles se cachent parfois les terroristes. L'une des principales armes de ces derniers est l'attaque suicide. Ils lancent leurs kamikazes à partir des quartiers résidentiels pour aller se faire exploser contre les pro-GNA. Dimanche, trois attentats suicide à la voiture piégée ont fait un mort et quatre blessés parmi les forces loyalistes. Après ces attaques, une unité des forces du GNA a tenté une incursion dans la zone depuis l'ouest mais a dû se retirer après de violents combats avec les terroristes. Quatre corps de combattants gisaient sur la chaussée dans le secteur, les forces du GNA affirmant qu'il s'agissait de terroristes tués pendant les affrontements. Un membre des troupes gouvernementales a lui été blessé par un tir de franc-tireur. L'un des principaux objectifs des miliciens pro-GNA est l'imposant centre de conférence Ouagadougou, où Daech a installé son QG. Selon des sources médicales, 140 membres des forces pro-GNA sont morts et plus de 500 blessés depuis le 12 mai dernier. Il y aurait en Libye quelque 5.000 combattants de Daech, selon des responsables américains, et la grande majorité d'entre eux, dont de nombreux étrangers, seraient à Syrte, conquise par le groupe terroriste en juin 2015. La ville comptait 120.000 habitants avant sa prise par Daech mais 75% d'entre eux ont réussi à fuir. Il y resterait quelque 30.000 civils. Le drapeau noir de Daech flotte sur les bâtiments publics de cette ville portuaire où ses terroristes ont commis des atrocités, dont des exécutions sur la place publique. L'opération est placée par le GNA sous un commandement conjoint basé à Misrata, à 200 km à l'ouest de Tripoli, à mi-distance entre la capitale libyenne et Syrte. Elle est menée par des milices fortement armées implantées dans plusieurs villes de l'ouest, principalement celles de Misrata qui sont les mieux armées du pays avec des avions MiG et des hélicoptères d'attaque. Ces milices sont formées d'anciens rebelles ayant fait tomber en 2011 le régime de Mouammar Kadhafi et ayant refusé ensuite de renoncer à leurs armes. Participent également à l'offensive les Gardes des installations pétrolières. La lutte contre Daech n'a été véritablement lancée qu'après l'installation à Tripoli le 30 mars du gouvernement d'union dirigé par Fayez al-Sarraj, qui, après avoir été reconnu par la communauté internationale comme la seule autorité légitime, a progressivement reçu le soutien des milices. Avant de parvenir à Syrte à partir de plusieurs axes et d'y entrer le 8 juin, les forces du GNA ont reconquis plusieurs localités, casernes et installations aux terroristes. Le port de Syrte, son aéroport international, une importante base aérienne et un hôpital ont été également repris ces derniers jours.