Une histoire, une culture profonde, des paysages divers et de rêve sont une bénédiction pour l'Algérie touristique d'aujourd'hui. Peut-être une malédiction demain pour nos enfants si l'avidité du gain l'emporte sur l‘amour du pays, l'amour du métier et l'amour de l'être humain. Abid Boubkeur a souligné que le secteur touristique demeure fortement concurrentiel où l'investissement est lourd, en particulier dans l'hébergement, où le professionnalisme, la compétence et la connaissance des réseaux internationaux sont des facteurs décisifs de compétitivité. Seule l'initiative privée est à même de valoriser le potentiel touristique existant, de contribuer à l'élargissement des capacités financières du pays et à la création d'emplois. De nos jours, développer le tourisme ne consiste plus à installer des hôtels et des restaurants n'importe où. Si cette attitude a prévalu au début, elle est maintenant révolue. Car à l'ère du tourisme de masse, l'époque des aménagements conçus de façon empirique et anarchique est terminée. Le tourisme doit devenir une industrie dans notre pays. Nous ne pouvons parler de tourisme sans évoquer le thermalisme qui est l'une des formes les plus anciennes, particulièrement en Algérie, par la création de nouvelles villes d'eaux. Du point de vue gestion, a-t-il expliqué, on est arrivé aujourd'hui à l'ère du management, à l'ère où le pouvoir ne peut plus appartenir à un individu mais doit être partagé et géré par des groupes de personnes de formation et de philosophie différentes. « Il faut doter nos institutions d'un management moderne. Tout management efficace passe par une bonne détermination des objectifs, à savoir un tourisme efficient et efficace en Algérie . » Fonctionner à un niveau d'efficacité optimum Abid Boubkeur a mis l'accent sur la mise en place d'un management moderne pour une réelle relance du tourisme. Aujourd'hui, il existe des performances faibles au sein du secteur, entre autres l'absence totale d'une politique et une stratégie touristique appropriée pour sa sauvegarde et sa promotion, un parc hôtelier très insuffisant, des produits touristiques peu fiables, une qualification professionnelle en deçà des exigences de la profession, la gestion hôtelière est particulièrement difficile par manque de professionnalisme... « Des actions d'envergure devront être menées dans le secteur du tourisme et de l'artisanat à moyen et long terme dans le but d‘en faire un secteur complémentaire d'accumulation de ressources en devises et de création d'emplois. Sans un management national efficace, il est impensable de voir un ensemble complexe d'institutions administratives, d'EPE, EPIC et privé fonctionner à leur niveau d'efficacité optimum », a-t-il suggéré. La mise en œuvre de nombreuses actions dont notamment la réhabilitation du parc hôtelier existant passe impérativement par la mise en œuvre d'une stratégie de restructuration et de privatisation pour améliorer les performances des entreprises du secteur, l'adaptation du transport aérien et maritime aux besoins et exigences du tourisme, la promotion de l'investissement nouveau, la protection des ZET, des gîtes thermaux et de l'environnement en général, ainsi que la restauration des sites historiques, archéologiques et des résidences historiques afin d'en faire des lieux d'hébergement touristique, ainsi que l'adoption d'un système de formation touristique existant. Pour une réelle relance du tourisme, notre interlocuteur a évoqué la mise en place d'organes de planification du tourisme disposant d'une organisation et d'un personnel capable de démontrer que le développement du tourisme est fondé non seulement sur des justifications chiffrables, mais surtout sur l'intégration économique la plus complète à l'échelle locale, régionale et nationale. Selon lui, l'inventaire des ressources touristiques est certainement l'un des éléments fondamentaux de toute planification touristique. Plusieurs axes liés au tourisme, entre autres l'industrie touristique, le rôle des ZET dans l'économie nationale, le développement socioéconomique du pays, la mise en valeur des ZET, pour l'économie régionale et locale ont été évoqués par Abid Boubkeur. « Dans notre pays, l'absence d'une vision de symbiose, entre le schéma de développement touristique et le système de gestion de nos institutions, limitait très sévèrement toute possibilité de mener à terme la stratégie touristique retenue. Pour cela, un planning précis, avec les restructurations voulues, doit être initié par la débureaucratisation et la normalisation des activités administratives, ainsi que des mécanismes de gestion et de contrôle souple (management moderne) », a-t-il noté. Le schéma directeur d'aménagement touristique, a-t-il souhaité, devra reposer sur une stratégie de développement à long terme et de complémentarité avec l'aménagement du territoire. Il devra être complété par l'adoption de normes et de textes réglementaires, ainsi que par un système complet de contrôle, de surveillance et au besoin de sanction. Lors de notre entretien, Abid Boubkeur a affirmé qu'afin d'atteindre un tourisme durable, « il faut concevoir le concept de durabilité comme un processus continu, auquel doivent participer tous les partenaires et acteurs, publics et privés, de l'activité touristique ».