Le juge Richard Goldstone La mission du Conseil des droits de l'homme de l'ONU menée par le juge Richard Goldstone depuis avril dernier, rejoint les rapports de plusieurs ONG sur l'«Opération Plomb durci» lancée par Israël sur la bande de Ghaza. Il y a eu crime de guerre, crime contre l'humanité. Le Conseil de sécurité , qui a fermé les yeux sur les crimes de guerre commis par Israël, estimera-t-il enfin que le moment de traduire les dirigeants de ce pays devant la Cour pénale internationale est venu ? «L'armée israélienne a commis des actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité» lors de son offensive militaire à Ghaza, affirme Richard Goldstone avant de présenter officiellement à Genève le 29 septembre son rapport de 574 pages au Conseil des droits de l'homme qui lui a donné le mandat d'enquêter sur les violations des droits de l'homme commises lors des opérations militaires menées à Ghaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009. Le rapport, qui contient une analyse détaillée de 36 incidents à Ghaza, en Cisjordanie et en Israël, 188 entretiens individuels, une analyse de plus 10.000 pages de documentation, 1200 photos, 30 vidéos et 38 témoignages, accuse Israël ne de pas s'être «entouré des précautions nécessaires requises par le droit international pour limiter les pertes en vies humaines, les blessures occasionnées aux civils et les dommages matériels». Pour preuves des «violations du droit humanitaire international», il cite «les tirs d'obus au phosphore blanc sur les installations de l'Unrwa, la frappe intentionnelle sur l'hôpital al-Qods à l'aide d'obus explosifs et au phosphore» et «l'attaque contre l'hôpital al-Wafa». Sûr de ses conclusions, le magistrat sud-africain ne compte pas s'arrêter au niveau de la dénonciation. Il recommandera au Conseil de sécurité d'exiger d'Israël l'ouverture dans les six mois d'une enquête «indépendante et en conformité avec les critères internationaux» sur les crimes commis par ses troupes et la création d'une commission d'experts des droits de l'homme pour contrôler cette enquête. «Si Israël refuse, dit-il dans son rapport, les 15 Etats membres du Conseil de sécurité doivent rendre compte de la situation à Ghaza au procureur de La Haye». Comme toujours, Israël, qui n'a pas coopéré avec la mission onusienne, s'empresse de récuser ce rapport le jugeant «partial» et pro-Hamas. Le ministère israélien des Affaires étrangères ressort les enquêtes ouvertes par Tsahal «sur plus d'une centaine d'allégations» et une accusation qu'aucune ONG n'a «détectée» : l'usage par le mouvement islamiste palestinien de civils palestiniens comme boucliers pour lancer ses roquettes. Danny Ayalon, le vice-ministre des Affaires étrangères, annonce que son pays déploiera tous ses moyens et mobilisera tous ses amis pour «bloquer et contrer les effets nocifs et pervers du rapport de la commission Goldstone». Raison de cette agitation annoncée : les responsables israéliens redoutent que des pays arabes soumettent ce rapport au Conseil de sécurité ou à la Cour internationale de justice qui pourrait émettre des mandats d'arrêt internationaux pour juger des dirigeants politiques ou des chefs militaires israéliens impliqués dans «Plomb Durci». Neuf organisations israéliennes de défense des droits de l'homme exhortent l'Etat hébreu à «prendre au sérieux» le rapport de l'ancien procureur des Tribunaux pénaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda et à «mener une enquête impartiale et indépendante». A la Knesset, des voix s'élèvent aussi. Elles demandent un débat approfondi et aux «accusés de crime de guerre de répondre».