Perfectionniste jusqu'aux bouts des ongles, l'artiste-peintre, spécialisée notamment dans la peinture sur verre, Soumia Bessaâd, n'a d'yeux que pour l'originalité. Sa « maison » est de verres. Non pas parce qu'elle se veut trop « honnête » vis-à-vis de sa passion-profession. Elle compte, tout simplement comme l'une des plus brillantes artisanes du pays dans la peinture sur verre, son terrain de prédilection. Mais loin d'être le seul car elle revendique autant de talent sur d'autres supports, tels que la céramique, la porcelaine, le bois, le miroir. Soumia Bessaad expose, depuis lundi dernier, un bel échantillon de son œuvre dans une exposition collective organisée par la direction du tourisme et de l'artisanat et l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger. Cette artiste-peintre ne jure que par cette identité esthétique qu'elle arbore avec une fière satisfaction. Loin toutefois de crier victoire et de faire dans la suffisance. Le monde de l'art, elle en est bien consciente, évolue de façon vertigineuse et gare à celles ou ceux qui ne s'accrochent pas à ses vertigineux wagons. Dans cette vive originalité, trônent une ou des œuvres qui ne laissent pas insensibles, y compris les initiés. On y voit, dans son espace réservé à cette occasion, une variété de verres de toutes formes et de toutes natures (petites et grandes tasses multiformes, sous-tasses, cadres de miroirs, pièces en porcelaine aussi, en céramique...) faite de couleurs, de motifs divers. « Pour les motifs, c'est le fruit de longues recherches et riche documentation notamment à travers internet. Il va de soi, Algérienne et nationaliste que je suis, que les motifs berbères dominent une grande partie de mes créations », confie Soumia. De ces motifs finement sculptés, elle revendique l'« algérianité » de son art. Il est bien vrai qu'une une œuvre qui ne porte pas une valeur culturelle ou identitaire est forcément condamnée à la temporalité, sinon aux « ciseaux » des critiques. L'autre leitmotiv de la plasticienne, et non pas des moindres, les couleurs qu'elle manie comme à plaisir. Des couleurs vives, chatoyantes, d'une étonnante richesse donnant toute la splendeur à ses œuvress. « A mes yeux, les couleurs reflètent la personnalité de l'artiste. On peut reconnaître qui est de nature jovial, ou non, rien qu'à travers les couleurs qu'il incarne », soutient l'artiste non sans préciser que son style demeure en constante évolution. « Je change constamment d'expressions tout en restant dans le même style. Une façon pour moi d'enrichir mon répertoire et ce en cherchant de nouvelles formes de peintures, que ce soit à travers les supports ou la matière utilisée », poursuit l'artiste qui compte à son actif plus d'une centaine de produits d'une incroyable richesse esthétique et plusieurs participations dans des expositions, essentiellement nationales. Dans cette quête esthétique, la plasticienne puise dans toutes les ressources prêtes à lui offrir de nouveaux horizons, tantôt auprès des artisans algériens tantôt chez les orfèvres européens dont elle ne cache pas son admiration. Une façon parmi d'autres d'interpeller la culture algérienne et, dans sa plus grande expression, méditerranéenne. L'envers du miroir Contrairement à certaines certitudes, une œuvre d'art est loin d'être une partie de plaisir pour son auteur. Un parcours du combattant, diront nombre d'artistes. Les plasticiens en premier chef. Mais au-delà du processus complexe (cuisson, séchage, vernissage, peinture...) présidant au devenir de la création, ces derniers butent sur un certain nombre d'embûches, dont certaines peuvent s'avérer fatales sur la réussite de l'œuvre, entre autres la disponibilité des matières premières, le manque de main-d'œuvre qualifiée, la contrefaçon croissante qui écorne cet art, pourtant prestigieux à bien des égards, le plagiat, la rareté des points de vente, et enfin et surtout le peu d'engouement touristique... « On ne peut pas vivre en faisant seulement de l'artisanat », déplore l'artiste qui rêve de pouvoir jouir, un jour, de sa propre galerie. Seule manière de donner libre court à son talent, dont elle veille à garder et son originalité et surtout son indépendance.