Il est toujours bien aisé de critiquer les autres sans jamais se sentir impliqué dans ce qui peut survenir de mauvais, parce que dans le bon, on est toujours à la première place. Ainsi en est-il de l'état du littoral, de la bande côtière et des plages, des lieux de prédilection du rush humain qui à la faveur de la belle saison rue sur ces sites, sans se soucier de ce qui peut advenir de ces endroits lorsque le taux de fréquentation dépasse de loin celui du reste de l'année. Face à la caméra des chaînes télé, dans les témoignages rapportés dans les colonnes de la presse, entre voisins, amis, connaissance d'un été, entre Algériens tout court, la critique bat son plein et va crescendo sur le dos des pouvoirs publics, des autorités locales, des prestataires de services et tutti quanti... Pourtant, ces mêmes citoyens, non, pardon estivants, parce que de citoyens, ils n'ont que le nom, trouvent dès les premiers jours d'été, des plages propres, avec sur le sable, les traces encore toutes fraîches des roues des gros engins qui viennent aplanir la surface, comme chaque matin d'ailleurs, y compris sur les sites des complexes touristiques publics et autres résidences hôtelières privées, des parasols fermés, des tables avec le nombre de chaises adéquat, des matelas et des transats rangés, des poubelles enveloppées de sacs appropriés, des sanitaires et des douches entretenus... et que deviennent ces lieux, ces équipements et nécessaires en fin de journée ? Des matelas abandonnés et ensablés loin de leur place, des chaises traînées sur le rivage pour avoir les pieds dans l'eau, des parasols à terre, des tables salies par des restes de nourriture, des sacs en plastique vides qui essaiment le site, des cadavres de bouteilles et de cannettes de boissons et d'eau minérale toutes dimensions confondues que le vent emporte de toutes parts, des restes de sandwichs et d'emballages laissés sur le sable ou quand ils sont jetés atterrissent sur les pourtours de la poubelle... Bien sûr, tout le monde n'est pas incriminé au même degré, ou ne peut être mis en cause... mais ce sont les plus salisseurs qui réclament et qui, tenez-vous bien, qui comparent avec nos voisins immédiats. Ces derniers oublient que lorsqu'ils se trouvent de l'autre côté du pays, la discipline leur revient comme un vieux réflexe naturel pour se plier à la réglementation. Parce que, là-bas, les pénalités, les sanctions et les amendes, sont une pratique irréversible, incontournable, intransigeante et non corruptible. Et on ne réclame que pour montrer du doigt cet autre qui a aussi failli pour qu'il ne soit pas le seul à payer. Mais là aussi, on ne sait pas regarder celui qui ne faute pas pour faire comme lui, non, on fait plutôt comme celui qui fait mal, en faisant comme lui, ou pire... car, on ne se concurrence que dans le mauvais ! Et c'est criant que cet état des lieux, maintes fois décrié, des plages et des fonds marins, on récolte des objets hétéroclites qui va de l'insolite au plus anodin. C'est aussi la collecte faite par l'équipe des éboueurs de la mer ou encore par ces autres bénévoles qui font partie de la campagne de sensibilisation prise à cœur au cours de l'année. Jamais, au grand jamais, notre littoral, n'a supporté autant de détritus et autres immondices pour en devenir au fil des ans, un véritable dépotoir à ciel ouvert... des images qui enlaidissent et ne prêtent pas à fierté quand bien même on a une côte de 1.600 km, que les corniches sont paradisiaques et que les paysages sont uniques ou que l'une des plus belles baies au monde soit implantée chez nous... Comme dirait le vieux dicton populaire, toi qui fait montre de beaux atours, qu'en est-il véritablement de ton jardin intérieur ?