Cherchell, contrairement à Tipasa, a choisi d'offrir à l'urbanisation de la ville un cachet pittoresque. Enserrée par la mer et la montagne, l'ancienne capitale romaine de la Méditerranée semble fâchée avec la civilisation, mais s'aligne dans l'esprit des conquêtes et des batailles. Caesaria impose non par sa taille mais par sa différence. Les commerces sont inexistants et tout ce qui peut révéler la présence de l'homme moderne est soit caché, soit transformé. La ville a pris tout juste ce qu'il fallait de la société de consommation. Les quelques badauds dans les rues ou sur la place romaine font partie du décor. Cherchell est la ville de l'harmonie des civilisations, le mariage des couleurs et l'amour de l'histoire. Cherchell se plaît à conter son histoire à ceux qui sont prêts à l'écouter. Une histoire qui remonte à la nuit des temps pour finir sporadiquement avec une assertion contemporaine. Car si Caesaria mêle fable et vérité, elle est quelque peu fâchée avec son histoire contemporaine. Les ruines viennent illustrer ses poèmes tantôt chantés sur le ton d'une confidence, tantôt murmurés chaudement à l'oreille. Cherchell n'a pas la pudeur des autres villes romaines qui affichent restaurant sur fond de fumée de grillades et pavé ancestral. Cherchell s'est alliée franchement à Rome. Sans fard ni honte. Cherchell, sur fond de verdure, a offert son âme à ceux qui réussirent à la conquérir.