Un tour dans les cafés d'Alger nous a permis d'en savoir un peu plus. « A la bonne heure », « Les Coquelicots », « Le Métropolitain » et bien d'autres établissements de la capitale sont désormais des espace non-fumeurs. Depuis 3 mois, ces établissements ont décidé de ne plus permettre aux clients de fumer sur les lieux. Comme cela se fait ailleurs, depuis quelques années, chaque consommateur qui voudrait « en griller une » devrait sortir ou se rendre dans le fumoir aménagé à cet effet. Une initiative accueillie avec enthousiasme par les non-fumeurs, souvent indisposés par l'odeur de la cigarette. « C'était horrible de s'attabler ici, car les tables se font face, difficile donc d'éviter la fumée », confie Hayat, une habituée des « Coquelicots » sis au boulevard Mohamed V. Ses amies ajoutent qu'il est désormais plus agréable de siroter un café sans ce désagrément. Dans les cafés dits populaires, l'initiative a du mal à se concrétiser. Quoique certains n'hésitent pas à afficher l'interdiction de fumer dans leurs cafés, d'autres trouvent qu'il est plus sensé d'avoir un espace pour non-fumeurs pour ne pas perdre les clients. Quid des fumeurs invétérés Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, certains fumeurs ne rechignent pas à sortir dans la rue pour griller une cigarette, bien que, selon Islem, « cela posera problème pour les jeunes filles de fumer en public ». Les gens acquis à l'interdiction de fumer dans les espaces recevant du public souhaitent que la mesure se généralise à tous les établissements. Krimo, serveur dans un des cafés pour non-fumeurs, dira : « Cela devrait toucher tout le monde sous peu. Nous avons préféré commencer dès maintenant afin d'habituer nos clients à ce qui paraît inévitable. » A El Andalousia, un café situé à la place Audin, un fumoir existe depuis les années 90. Une salle aménagée permettant aux fumeurs de « boucaner » leurs poumons en toute quiétude. Ilham, accompagnée de deux copines, tenant toutes une cigarette à la main, sont des habituées des lieux. Elles trouvent, qu'en raison des traditions, une fille ne peut fumer en public. « Nous interdire de fumer dans les cafés sans aménager un espace pour fumeurs fera fuir la clientèle, notamment la gente féminine », a jugé Ilham. Seuls contre tous ! Pour les cafetiers réfractaires, il n'est pas question d'interdire de fumer dans leurs locaux. Et pour cause, l'Etat n'a pas aménagé d'espaces publics pour les fumeurs. « Il n'y a pas un seul cendrier dehors. Les mégots de cigarettes jonchent les trottoirs et les rues de la capitale. Les inciter à aller fumer dehors ne fera qu'empirer les choses », a déclaré Ami Hmed, un vieux gérant du café « Le Bonheur » à Alger-Centre. Sur les tables, un cendrier est mis à la disposition des clients, a-t-on constaté. Un autre gérant d'un café restaurant à la rue Hassiba-Ben-Bouali dit être contre cette législation. « C'est mon gagne-pain. Je ne peux pas refuser à mes clients de ne pas fumer, alors que la majorité sont des fumeurs, cela les fera fuir », dira le caissier, ajoutant qu'il ne dispose pas d'assez d'espace pour aménager un fumoir. Le même cafetier estime que l'Etat devra revoir cette loi pour ne pas porter préjudice à la plupart des cafétérias. Ce que prévoit la loi La règle qui prévaut est celle d'une interdiction générale de fumer dans tous les lieux dits à usage collectif (lieux de travail et lieux accueillant du public), selon le décret exécutif n° 01-285 du 24 septembre 2001. Cette règlementation n'a vocation à s'appliquer qu'aux espaces clos et couverts. Les espaces en plein air (balcons, patios, etc.) ne peuvent, quant à eux, être visés par l'interdiction de fumer. A noter que les cafés et restaurants visés par le texte peuvent néanmoins aménager des espaces fumeurs. Mais pour cela, ils devront respecter certains critères. Ces espaces doivent être bien aérés et complètement isolés du reste du local.