Méconnaissance Les Algériens savent-ils qu'il est strictement interdit de fumer dans les lieux publics ? Apparemment, non. A Alger, les salons de thé sont enveloppés dans le «brouillard» même si tous ces établissements affichent, en guise de bienvenue, des notes mentionnant : interdiction de fumer. Des notes qui sont, le plus souvent, lettre morte. «On ne peut interdire aux gens de fumer», dira le patron des Andalouses, un salon de thé situé au c?ur de Didouche-Mourad. Le gérant précise sur un ton d?excuse : «La plupart des clients qui s'attablent chez nous sont des fumeurs.» Pourtant, «moi-même je suis non-fumeur», ajoute-t-il. Ce n'est pas le cas au Diamant Bleu, un établissement récemment ouvert, géré par des jeunes dynamiques. Ici, il existe deux salles dont l'une est réservée uniquement aux non-fumeurs. «Pas question de négocier, tranchera le serveur, c?est la salle d'en haut qui est réservée aux fumeurs.» A un degré moindre, la même rigueur anime les employés de l? Etusa (ex-Rsta). Rencontrés aux arrêts de la place Audin, les receveurs se montrent toutefois étonnés de l'existence d'une loi qui interdit la cigarette dans les lieux publics. «Moi, je l'applique depuis vingt ans», dira l'un d'eux. «C'est interdit de fumer dans les bus, car il peut y a avoir des vieillards, des vieilles et des enfants», explique Achour. De toute façon, «les bus sont tellement pleins, au cours de la journée, qu'il est impossible d?y fumer», dira le même receveur, cependant, «la nuit, c'est différent», parfois «les jeunes ne connaissent pas leurs limites alors ils fument croyant qu'ils sont chez eux», explique un receveur qui fera remarquer qu'«il existe de moins en moins de fumeurs dans les bus». Ce n'est pas le cas des usagers du train. Zoheir, agent de sécurité dans les trains, explique : «Il y a toujours des fumeurs et personne ne peut leur interdire cela» en reconnaissant qu'il n'a reçu aucune instruction de la part de sa tutelle pour «interpeller» les gens sur cette question. Son collègue Omar se montre sceptique sur l'application d'une telle directive. «Il faut voir la nuit les jeunes qui rentrent chez eux par le dernier train fument même le haschisch». «Personne n'ose les approcher, car ils n'ont rien à perdre» et de conclure : «Avec quoi appliquerons-nous une telle mesure, avec nos mains ?» Dans les cinémas, le discours diffère d?une salle à une autre. Les salles de quartier sont la «propriété» des fumeurs. Il est «impossible d'interdire de fumer aux jeunes», dira le gérant d?une salle. A l'opposé, dans une autre salle située au centre-ville, il est «impossible de fumer». «On ne badine pas avec les règles», dira un employé.