Le recteur de l�universit� Benyoucef-Benkhedda d�Alger, M. Tahar Hadjar, a annonc� le 12 mai dernier que la consommation du tabac � l�int�rieur des campus est interdite. Dix jours apr�s cette annonce, les choses ont-elles vraiment chang� ? Visite dans la Facult� centrale. Ly�s Menacer - Alger (Le Soir) - Assis sur un journal, son cartable accroch� au grillage d�une cl�ture, Kamel, �tudiant en pharmacie � l�universit� d�Alger, savoure sa derni�re cigarette avant de rejoindre sa salle de cours. Savait-il que fumer est devenu interdit depuis le 12 mai dernier � travers toutes les facult�s de l�universit� de la capitale ? �Oui�, r�pond-il. �J�ai entendu parler de la d�cision du recteur, M. Tahar Hadjar, d�interdire la consommation du tabac � l�universit�. Mais je ne me sens pas concern� par cette d�cision r�pressive�, ajoute-t-il, l�air m�content. Kamel ne semble pas �tre la seule personne qui n�adh�re pas � cette id�e. Le nombre de personnes crois�es dans le campus de la Facult� centrale, la cigarette allum�e, renseigne sur le non-respect de ce que M. Tahar Hadjar a d�cid�. Les �tudiants ne sont pas les seuls � fumer, peut-on constater. Les agents de s�curit� et d�entretien, ainsi que certains enseignants continuent de fumer � l�entr�e m�me des amphith��tres, des salles de cours et dans les couloirs. Le g�rant d�un caf�, install� � l�int�rieur du campus, continue lui aussi � vendre du tabac, au su et au vu de tout le monde. Le recteur avait pourtant anim� plusieurs rencontres d�information et de sensibilisation des �tudiants, des enseignants et des travailleurs � la lutte contre la cigarette au sein de son universit�. Le replacement de la banderole o� �tait �crit �Pour une universit� sans tabac� par une autre qui informe de l�organisation d�un colloque autour du th�me �le discours soufi et la mondialisation�, sonne comme un d�fi pour les responsables de l�universit� d�Alger. Confortablement install� au niveau de ce qui est commun�ment appel� �le jardin�, un groupe de trois �tudiants affirme tout ignorer � propos de cette interdiction. Aucune note d�information, aucune affiche ne rend en effet compte du d�sir de l�administration de combattre l�usage du tabac � l�universit�. Les tableaux d�affichage sont vides. �Je ne suis pas au courant et je n�adh�re absolument pas � ce genre d�entreprise. Apr�s la cigarette, le recteur va nous interdire quoi d�autre ? Je fume en plein air et je ne crois pas que cela d�range quelqu�un. Je suis contre ceux qui fument dans les endroits ferm�s, comme les salles de cours et les couloirs. Je suis �galement contre l�attitude r�pressive des nos responsables et leurs mesures extr�mistes�, d�clare Omar, inscrit en deuxi�me ann�e de m�decine. �Je ne peux pas arr�ter de fumer sur une simple d�cision administrative. Il faudrait d�abord que je manifeste cette volont� de le faire moi-m�me. Peut-�tre que cette nouvelle mesure va me pousser � diminuer de ma consommation du tabac, en attendant que j�arr�te d�finitivement. Surtout si le recteur d�cide aussi d�une amende contre tous ceux qui seront surpris en train de fumer dans le campus�, ajoute son camarade Salim, sourire en coin. Damia, son amie, estime, pour sa part, que �les initiateurs de ce projet devraient plut�t faire dans la sensibilisation des �tudiants et des enseignants qui doivent �tre les premiers � donner l�exemple en la mati�re. Je vois des enseignants fumer � l�int�rieur des amphith��tres et devant leurs �tudiants avant d�entamer leur cours, ce qui est compl�tement inadmissible�. A quelques m�tres d�eux, un autre groupe d��tudiants, qui a transform� un bac � ordures vide en table pour jouer aux dominos, laisse �chapper une fum�e qui se sent de loin. �Je ne suis pas oblig� de sortir dans la rue � chaque fois que me prend l�envie de fumer. Nous installer des fumoirs serait plut�t mieux que de nous interdire carr�ment de fumer dans les campus �, s�insurge Adel, d�posant nerveusement une pi�ce de son jeu de dominos par terre. Sonia, une cigarette dans une main et des dominos dans une autre, est du m�me avis que Adel qui semble r�confort� par le nombre impressionnant de fumeurs, install�s autour d�eux. Ce qui n�est pas le cas de son partenaire de jeu, Sofiane, un non-fumeur qui voit en l�initiative de M. Hadjar un pas positif dans la lutte contre le ph�nom�ne du tabagisme d�une mani�re g�n�rale. Si les avis diff�rent entre les uns et les autres, le constat est pour l�instant le m�me. C�est presque tout le monde qui fume dans les campus d�Alger en d�pit d�une interdiction qui ressemble plus � un souhait du recteur de lutter contre l�usage du tabac au sein de l�institution qu�il dirige. L��chec de la loi anti-tabac, promulgu�e par le gouvernement en 2000, est une preuve concr�te du long chemin qui attend les militants contre la cigarette, surtout dans les lieux publics.