Santa Cruz, Mazalquivir ou Rosalcazar, ces forts témoignent encore de la présence espagnole à Oran. Jusqu'au 27 octobre, le Bastion 23 abrite une exposition où l'on peut redécouvrir les plans de ces bâtisses qui furent des structures de défense de la ville occupée dès 1509 dans le sillage de la Reconquista qui chassa les musulmans de l'Andalousie à la fin du XVe siècle. D'autres villes comme Mostaganem subiront le même sort. Bejaïa fut aussi brièvement occupé et le Penon à Alger fut l'œuvre des Espagnols. Les batailles comme celle de Mazagran en 1558 ont trouvé un écho dans les poésies de Sidi Lakhdar Benkhlouf. Jusqu'en 1708, la ville résista aux attaques turques avant de céder aux assauts et de devenir la capitale du Beylik de l'Ouest. Ces deux siècles ont laissé d'indélébiles empreintes dans le parler, la cuisine mais surtout l'architecture. Oran est ainsi l'une des rares villes de notre pays si non la seule à avoir des arènes. « C'est une histoire partagée », pour reprendre les mots de l'ambassadeur, présent lors de l'inauguration, hier, de l'exposition aux côtés de nombreux cadres du ministère de la Culture et du général des forces navales commandant la façade maritime d'Alger. Le diplomate n'a pas omis de faire référence à Cervantès qui a passé une partie de sa vie à Alger. Les cartes ont été exposées à Oran même au mois de mai dernier et un chercheur algérien, Kouider Metair, a édité un livre, « Oran, une ville de fortifications », où il retrace l'histoire et les usages de ces bâtisses. Les deux pays qui entretiennent d'excellentes relations dans tous les domaines veulent préserver et entretenir ce patrimoine architectural et tracer des perspectives pour sa valorisation. Le ministre de la Culture avait annoncé le mois dernier la restauration du fort de Mers El Kebir, l'une des villes qui jouera tout au long de l'histoire un rôle important. « De nombreuses actions ont été déjà entreprises dans ce sens et vont s'élargir à d'autres pays », a souligné Bouteflika, directeur du patrimoine au ministère de la Culture. Le visiteur peut trouver un aspect rebutant à cette exposition. Au rez-de-chaussée et au premier étage, les murs sont couverts de plans. Non accompagnées de photos vivantes et d'explications détaillées, la vingtaine de croquis prêtés par le Centre géographique de l'armée espagnole intéresseraient ceux passionnés par la construction, la cartographie ou le génie. Les spécialistes estiment qu'Oran fut le laboratoire où furent conçus de nombreux plans qui serviront notamment en Amérique latine. Ce caractère technique cache mal la valeur des documents qui révèlent des pans d'architecture et d'histoire.