Au rythme d'une révolution technologique par génération, les observateurs scrutent les horizons de la nouvelle révolution qui pourrait venir bouleverser nos usages du monde numérique. « L'intelligence artificielle est le nom donné à l'intelligence des machines et des logiciels. Elle se veut discipline scientifique recherchant des méthodes de création ou de simulation de l'intelligence », a indiqué l'encyclopédie en ligne Wikipédia dans sa rubrique dédiée à l'intelligence artificielle. Le concept est apparu après les fameux travaux d'Alain Tuing, publiés dans un article d'octobre 1950, sous le titre « Computing Machinery and Intelligence », dans lequel il détaillait son fameux test destiné à distinguer une machine intelligente, c'est-à-dire « consciente ». Depuis, tout un courant de pensée scientifique s'est emparé de l'intelligence artificielle pour en faire un terrain de recherche technique et scientifique, suscitant en même temps un imaginaire populaire et une littérature reflétant des avis partagés. « Certaines, dans les milieux technophiles, sont enthousiastes, le mouvement transhumaniste en est la meilleure expression », explique Wikipédia, ajoutant que « d'autres, au contraire, sont portées par l'inquiétude, y compris au sein même de la sphère high-tech ». Et l'encyclopédie d'illustrer ce courant opposé à l'intelligence artificielle en citant le cas notamment de Bill Gates, ex-PDG de Microsoft, et de Elon Musk, PDG de Tesla, qui déclare : « Je pense que nous devrions être très prudents au sujet de l'intelligence artificielle. Si je devais miser sur ce qui constitue notre plus grande menace pour l'existence, ce serait ça. » Mais cela n'a pas empêché l'émergence d'un marché mondial de l'intelligence artificielle que des bureaux d'études spécialisés estiment à 5 milliards de dollars d'ici à quelques années alors qu'il n'est actuellement que de l'ordre de 600 millions de dollars. Ce qui explique le redéploiement de la plupart des grandes multinationales des nouvelles technologies qui se sont toutes mises sur la voie de la recherche et du développement dans le domaine avec des applications spécifiques, dont certaines ont déjà fait parler d'elles, comme le robot intelligent e Google qui a battu un champion du monde de GO, ce jeu de stratégie coréen. La nouveauté cette semaine, c'est ce partenariat annoncé en grande pompe par cinq poids lourds de la Silicon Valley. Amazon, facebook, Google, IBM et Microsoft se sont réunis pour travailler de concert pour l'avenir de l'IA. Aussi bien d'un point de vue de la recherche que de son application au quotidien, rapporte le site www.01net.com, qui relate la création de cette association dénommée The Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society, dont l'objectif avoué est de permettre à l'intelligence artificielle de bénéficier aux usagers et à la société en général. Les opérateurs en action sont connus pour leur domination du monde de la donnée numérique puisqu'ils disposent de nombreux Datacenter à travers le monde, dans lesquels sont stockées des quantités impressionnantes de données produites par les usagers des technologies numériques et qui constituent le carburant de l'économie numérique, mais aussi, bientôt, un levier essentiel pour l'intelligence artificielle, comme le souligne le site 01net.com qui voit que « les réseaux neuronaux et le deep learning reposent sur ces ensembles colossaux de données : c'est dans cet amas de 0 et 1 que nous produisons que l'intelligence artificielle puise son utilité, sa force et ce qu'il lui faut pour dessiner les contours de son avenir ». Conscients des enjeux sociétaux de l'intelligence artificielle, les initiateurs de ce partenariat travaillent en même temps pour faire avancer la recherche, mais aussi pour faire dans la pédagogie pour établir et faire adopter les bonnes pratiques en la matière, « un peu le prolongement des comités de conseil éthique sur l'intelligence artificielle qu'a créé Microsoft ou que Google a mis en place après le rachat de Deepmind en 2014 », note ce site.Les patrons de la recherche au niveau des cinq sociétés, facebook, Google, IBM, Amazon et Microsoft, ont ainsi promis de se voir régulièrement pour échanger sur leurs résultats de recherche et, selon 01net.com, « discuteront également d'éthique, de respect de la vie privée, de transparence, d'échanges d'informations et de collaboration entre humain et intelligence artificielle ». Certains estiment que de telles initiatives relèvent encore de la science-fiction tant les objectifs de la recherche ne sont pas encore mis au service du plus grand nombre. D'autres voient que les progrès de l'intelligence artificielle sont tels que beaucoup de ses applications font déjà partie de notre quotidien et que la révolution est en marche, comme le mentionne le journaliste du site 01net.com, écrivant que « les manifestations de l'intelligence artificielle sont déjà présentes dans notre quotidien, de nos assistants personnels numériques à ces bots conversationnels qu'on retrouve sur facebook ou encore dans Google Allo ». Le partenariat annoncé par les cinq géants de la Sillicon Valley devra prendre forme dans les prochains jours avec la nomination de son comité directeur et pourrait s'élargir à d'autres initiatives similaires qui sont déjà mises en œuvre, « comme l'Association for the Advancement of Artificial Intelligence ou encore le groupe de recherche de l'Allen Institute for Artificial Intelligence, fondé par Paul Allen, cofondateur de Microsoft », lit-on sur ce même site. La presse spécialisée note au passage que parmi les initiateurs, quatre, excepté Amazon, participent déjà à une autre initiative à travers laquelle ils ambitionnent de partager, en open source, leurs schémas d'infrastructures informatiques, dont celles dédiées à l'intelligence artificielle. Une orientation qui soulève interrogations et inquiétudes sur la fermeture du champ de recherche, au seul bénéfice de ces grandes sociétés américaines. D'autant, comme le soulignent certains analystes, que les pouvoirs publics, comme source de régulation, et les universités, comme garant de l'éthique, sont totalement absents de ces configurations. Malgré cela, les enjeux sont tellement importants que la course est ouverte et que les paros sont lancés sur le futur de la recherche en intelligence artificielle. Le continent européen, à la traîne sur beaucoup de domaines du monde numérique, notamment le virage du mobile, entend avoir voix au chapitre dans le domaine de l'intelligence artificielle. « À l'heure où l'Europe traverse une crise politique majeure provoquée par le choix britannique du Brexit, à l'heure où les échecs européens prennent le pas sur les succès, avance le site www.contrepoints.org, il semble important de souligner les secteurs dans lesquels cette même Europe a su exceller et se faire apprécier du reste du monde : l'intelligence artificielle (IA), en tant que futur moteur de la croissance économique mondiale, constitue l'un des domaines d'excellence européens les plus prometteurs », ajoute-t-il. A travers un papier mis en ligne le 1er septembre dernier, sous le titre « L'Europe de l'intelligence artificielle est en marche », son journalise tente de mettre en exergue l'apport du savoir-faire scientifique et technique de l'Europe dans cette course à l'innovation en matière d'intelligence artificielle. Après avoir admis le retard du Vieux Continent en matière d'innovation technologique, il avance le postulat selon lequel la situation « pourrait bien évoluer et se rééquilibrer au profit du Vieux Continent qui attire aujourd'hui les fleurons mondiaux de la R&D en IA sur un axe émergent liant Londres, Paris et Zürich ». Et ce site de prendre pour illustration « l'excellence scientifique française (en particulier en sciences des données et en mathématiques) qui est reconnue et qui incite désormais les Gafa à s'installer et à développer leurs structures de recherche sur cet axe européen ». Il commence par citer le cas de la société DeepMind, fleuron de la recherche en intelligence artificielle du géant Google, pourtant fondée à Londres par Demis Hassabis et deux de ses associés en 2010. Au regard des succès qu'elle a obtenus, le journaliste considère tout à fait logique son rachat en 2014 par Google pour la coquette somme de près de 630 millions de dollars. Dédiée à l'apprentissage profond, la société DeepMind avait pour objectif à sa création de « résoudre l'intelligence et de l'utiliser pour rendre le monde meilleur ». Dans un entretien avec la revue scientifique britannique Nature, son fondateur, Hassabis, déclarait, selon ce même site, « tenter de distiller l'intelligence dans une construction algorithmique peut s'avérer être le meilleur chemin pour comprendre le fonctionnement de nos esprits ». S'inspirant des expériences du cerveau humain qui sait apprendre et réagir par apprentissage, les produits de la société DeepMind ont permis des applications dans les jeux vidéo, capables d'apprendre et même de battre des champions. L'autre illustration de l'attrait de l'Europe en matière de recherche dans l'intelligence artificielle est la capitale française, Paris, qui abrite le troisième laboratoire de recherche en intelligence artificielle, Fair, de facebook. Après la Californie et New York, facebook a choisi d'implanter son autre Fair à Paris en affirmant que « la France abritait quelques-uns des meilleurs chercheurs en IA du monde », selon la même source. Le géant des réseaux sociaux a passé un accord de collaboration avec l'INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et choisi un chercheur français, Yann Le Cun, pour diriger ce laboratoire. Il est « professeur à l'Université de New York et considéré comme l'un des meilleurs spécialistes au monde du Deep Learning », d'après contrepoings.org, qui ajoute qu'il « est titulaire depuis 2016 de la chaire informatique et sciences numériques du Collège de France ». Un profond travail de recrutement de compétences scientifiques a été entamé par le Fair, faisant dire au rédacteur du papier que « l'excellence scientifique française a contribué à cette installation hautement stratégique pour facebook comme pour l'écosystème français de l'IA ». Dernier maillon de cet axe européen sur lequel s'appuient les grandes sociétés américaines des technologies, Zurich, en Suisse, où le géant Google a annoncé en juin dernier la création de son groupe de recherche dédié au machine learning. « Cette structure de R&D, qui devra jouer un rôle central dans le développement de l'apprentissage automatisé chez Google sera dirigée par le Français Emmanuel Mogenet, directeur de l'ingénierie de Google Suisse à Zurich », écrit le site contrepoings.org, qui précise que cet organisme « mènera des recherches selon trois axes : le Deep Learning, la compréhension et le traitement automatique du langage naturel utilisé dans les applications vocales et la perception artificielle (images, sons, vidéos) s'appuyant sur des réseaux de neurones ».