« Tout le monde est à bout de patience avec la Russie », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. « Il n'y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler », a-t-il ajouté, accusant la Russie de bombarder le plus grand hôpital d'Alep. Moscou, qui a affirmé, peu après, « regretter » la décision américaine, a jugé sans fondement « les accusations selon lesquelles la Russie aurait bombardé des installations médicales, des hôpitaux ou des écoles ». Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a, en revanche, estimé que « l'intervention des forces aériennes russes avait aidé à éviter le chaos » en Syrie. Mais la suspension des pourparlers laisse cependant entrouverte la porte du dialogue pour le moment maintenu dans le canal des échanges des informations prévu par le système mis en place pour éviter des incidents aériens. De son côté, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, ne désespère pas de relancer le dialogue. Dans un communiqué, il a assuré que l'ONU allait « continuer à faire pression énergiquement en faveur d'une solution politique au conflit syrien malgré l'issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux ». L'impasse est confortée par le rejet russe du projet français de résolution qui, selon l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, n'avait « aucune chance de fonctionner ». En discussion au Conseil de sécurité, le projet vise à mettre en place un cessez-le-feu à Alep et à « mettre fin à tous les vols militaires au-dessus de la ville ». La loi des armes a repris ses droits. Les Etats-Unis ont lancé une frappe aérienne près d'Idleb (nord-ouest) et visé un responsable « important » d'Al-Qaïda en Syrie dont la mort n'a pas été confirmée par le Pentagone mais par l'ancien Front Nosra, devenu le Front Fateh-al Cham. Il s'agit, selon cette organisation terroriste prononçant son divorce avec Al-Qaïda et néanmoins considérée comme telle par Washington, d'un certain Ahmed Salama Mabrouk, un Egyptien membre du conseil de la choura plus connu sous le nom de guerre d'Abu Faraj. A Alep, décrite par l'ONU comme « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie », l'offensive lancée depuis 11 jours par l'armée syrienne soutenue par la Russie gagne avec une plus « grande efficacité » en intensité et entend réussir la reconquête totale d'Alep. Une victoire stratégique, voire décisive pour l'issue de la guerre, redoutée par la coalition internationale. La progression au centre et au nord d'Alep est incontestable. Elle dicte le tempo des nouvelles batailles qui s'étendent à la province de Douma pour déloger la rébellion en perte de vitesse et confrontée au même scénario que Alep. L'armée syrienne n'est plus qu'à quelque trois kilomètres.