Européens et Américains font « mauvais usage » du FMI et de la Banque mondiale pour servir leurs intérêts : la charge n'est pas nouvelle mais vient cette fois d'une institution rivale créée par les grands pays émergents. « Ces institutions reflètent d'abord le point de vue, les intérêts et l'idéologie des puissances de l'Atlantique-Nord, les Européens d'un côté et les Américains de l'autre », affirme Paulo Nogueira Batista, vice-président de la Banque de développement des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Depuis la création des institutions de Bretton Woods, en 1945, la BM dirigée par un Américain et le FMI confié aux Européens, illustrent le compromis et l'hégémonie euro-atlantique. Le fait que cette règle tacite perdure « montre que les changements dans ces institutions sont plus lents qu'attendu et l'espoir que les choses changent plus limité », assure Nogueira Batista, qui a été le représentant brésilien au FMI pendant huit ans. Une autre alternative a été proposée par les Brics qui ont décidé de se doter en juillet 2015 d'une « nouvelle banque de développement » basée à Shanghaï pour bousculer l'ordre établi et combattre la marginalisation des pays émergents dans les grandes institutions économiques. La Chine et ses partenaires restent certes membres à part entière des institutions de Bretton Woods mais entendent tracer « leur propre chemin », selon le dirigeant brésilien.