La polyarthrite rhumatoïde (PR) est un vrai problème de santé publique, et c'est la pathologie inflammatoire la plus fréquente en Algérie. Une situation décriée par le Pr Chafia Mekhloufi Dahou, chef du service de rhumatologie au CHU Liamine-Debaghine (ex-Maillot) de Bab El-Oued. Intervenant au deuxième jour des travaux du 12e congrès de la Société algérienne de rhumatologie, le Pr Dahou a mis en exergue l'importance du diagnostic précoce pour traiter les personnes atteintes. Pour elle, « l'identification tardive complique davantage la situation du patient ». Comme elle a préconisé l'utilisation, à bon escient, des biothérapies selon les recommandations algériennes après constat de la non-couverture de tout le territoire national en rhumatologues. Ceci a induit la prescription des corticoïdes qui, d'après l'intervenante, « doivent être accordéssur une période maximale de 6 mois », vu les effets secondaires qu'ils peuvent causer sur l'appareil digestif. Le Dr F. Mechid du CHU de Bab El-Oued a également affirmé que « l'utilisation des corticoïdes dans le traitement de la PR est fréquente avec tous les risques que cela peut comporter ». La PR est, pour le Pr Bruno Fautrel du service de rhumatologie de l'hôpital La Pitié Salpêtrière (France), « une urgence médicale causée par le facteur génétique mais aussi par le tabac qui reste un facteur exogène favorisant cette destruction articulaire. Cette inflammation chronique peut être à l'origine de maladies cardiaques et d'infarctus ». Tout en affirmant que « la mortalité anticipée peut survenir lorsque la maladie est grave et n'est pas bien contrôlée ». Pour ce spécialiste, « il est important de diagnostiquer précocement la PR dès les premiers symptômes. Avec des articulations gonflées, un squeeze test qui décèle des douleurs lorsqu'on serre une main et la raideur matinale égale ou dépassant les 30 min, il faut consulter un rhumatologue ». Le président du congrès, le Dr Abdellah Tolba, spécialiste des maladies des os et des articulations, a, dans ce sens, appelé à la prise en charge et à la prévention précoce des maladies des os et des articulations pour éviter les complications causées par des fractures répétées, notamment dans le cas de l'ostéoporose qui touche fréquemment les femmes après la ménopause. Par ailleurs, il a invoqué la nécessité de rembourser les médicaments destinés au traitement de l'ostéoporose chez les hommes qui sont privés actuellement de ce droit par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas), sous prétexte que c'est une maladie qui concerne les femmes uniquement. Selon les résultats des dernières enquêtes menées dans plusieurs régions du pays, pas moins de 100.000 cas risquent une invalidité certaine suite à ces inflammations rhumatismales, dont la prise en charge nécessite une équipe pluridisciplinaire. Le congrèsn qui s'étale sur trois jours (7, 8 et 9 octobre), regroupe quelque 100 spécialistes en rhumatologie, en rééducation fonctionnelle venus de plusieurs centres hospitalo-universitaires du pays, ainsi que de l'étranger. Parallèlement au cycle des conférences, une exposition relative aux derniers médicaments mis sur le marché et les outils de diagnostic de la PR et autres pathologies inflammatoires est organisée dans le hall de l'hôtel El-Aurassi, à Alger.