La deuxième réunion de haut niveau sur la mise en œuvre de la Convention-cadre de lutte antitabac (CCLAT) s'est ouverte, hier, à l'hôtel Mercure d'Alger, en présence des délégués de 47 pays membres de la région africaine, en plus des représentants des ministères du Commerce et des Finances de l'Algérie. Le Pr Bah Keita, représentant de l'OMS en Algérie, dira que la réunion préparatoire régionale de la 7e Conférence des parties (COP7) qui s'est tenue les 10 et 11 octobre derniers a été « une occasion pour partager les expériences, définir les contraintes, identifier les défis, préparer une plateforme et tracer les voies du succès dans la lutte contre le tabagisme » à la COP7 qui aura lieu à New Delhi (Inde) du 7 au 12 novembre prochain. « Les travaux ont permis d'identifier notre voie et notre vision pour aller à cette conférence avec succès », a-t-indiqué. Pour illustrer la vision africaine, Keita paraphrasera Nelson Mandela : « Une vision sans action est un rêve, une action sans vision est une perte de temps. En revanche, une vision suivie d'une action peut transformer le monde. » Ceci pour dire l'intérêt qu'il faut accorder à la mise en application de la Convention-cadre, sachant qu'elle contient 38 articles comprenant des mesures législatives et réglementaires pour faire baisser le tabagisme et l'exposition à la fumée de tabac. Smaïl Mesbah, directeur de la prévention au ministère de la Santé, a mis en exergue l'importance des deux réunions qu'abrite l'Algérie depuis le 10 octobre dernier. Le but visé par cette rencontre, dit-il, est de permettre à l'Afrique d'avoir une position et une stratégie communes adaptées aux enjeux du tabagisme, sachant que la région africaine connaît une progression de ce fléau dévastateur. La lutte n'est pas facile, dit-il, parce que tous les pays n'ont pas les moyens nécessaires en plus, il y a en face l'industrie du tabac qui dispose d'une stratégie pour s'ingérer et saper tous les efforts. Concernant l'Algérie, il y a « un fort engagement politique au plus haut niveau qui s'est traduit par des mesures concrètes d'abord, en ratifiant la Convention-cadre et en l'intégrant par décret présidentiel dans la législation nationale ». Soulignant l'approche multisectorielle dans la lutte antitabac, il mettra en évidence le fonds spécial dédié à la lutte contre le tabagisme qui est alimenté par la taxe additionnelle sur le tabac. Depuis sa mise en place, en 2000, ce fonds a atteint 20 milliards de dinars. S'opposant aux ingérences qui visent à donner des messages contradictoires sur les cigarettes, il affirmera qu'« il est établi que le tabac est un danger quelle que soit sa forme, y compris la cigarette électronique ». La réglementation n'étant pas réellement appliquée sur le terrain, des sanctions ont été introduites dans la nouvelle loi sanitaire, a fait savoir le représentant du ministère. De son côté, le Dr Nivo Ramanandraibe, administrateur technique de la lutte antitabac du bureau régional de l'OMS en Afrique, affirmera que « 3% des décès de personnes adultes en Afrique sont liés au tabagisme, ce sont des maladies non transmissibles comme les cancers, les maladies cardiovasculaires, respiratoires ». Tandis que la prévalence est de 18%, le tabagisme touche de plus en plus de jeunes. Pour montrer l'ampleur du fléau, elle fera savoir que des enquêtes réalisées dans des établissements scolaires ont abouti à des résultats prouvant que des enfants âgés de 13 à 15 ans consomment du tabac. Selon elle, la majorité des pays africains ont mis en place des comités de lutte contre le tabac, « mais faudrait-il qu'ils soient fonctionnels. C'est cela le plus important », a-t-elle souligné.