Lancée début août dernier, la pièce théâtrale « Boulemhayen » a été présentée, samedi dernier, au grand public lors d'une générale au Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou qui en est le producteur. Mise en scène et écrite par le grand comédien et homme de théâtre Mohammed Adar, assisté par Aïssa Moulefera, la pièce a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par le public. Durant un peu plus d'une heure, les sept comédiens avec dans le rôle principal Abdelkader Boutera (Boulem-hayen) ont suscité attention et concentration dans la salle. Le décor n'était pas constellé de paillettes. Sombre et sobre, il a accentué un peu plus le caractère lugubre du personnage qui vit dans l'incertitude des lendemains. Le jeu des acteurs a été remarquable. Adar a tenu à les remercier. « J'ai eu à diriger des jeunes très talentueux qui ne rechignaient à aucun effort et étaient très attentifs à toutes les remarques, d'où leur excellent jeu. » Jouée en arabe dialectal et accessible, la pièce raconte l'histoire de Boulemhayen, « l'homme aux mille soucis et tracas ». Le personnage compliqué vit avec la peur d'être dépassé par le temps de sorte à ne pas pouvoir réaliser ses rêves. Un lugubre tunnel, symbole de sa vie, le désappointe et le handicape. Il patauge dans des sables mouvants qui ralentissent son avancée. Ambitieux, il rejoint une organisation politique rêvant d'être le porte-parole de ceux qui placeront leur confiance en lui, pour leur bien-être et celui du pays. Mais il déchantera rapidement, déçu par le comportement et les agissements de ses compagnons de route. Il finira par abdiquer et se retirer de la scène. Mais son intégrité et son dévouement sont restés intacts. Il est de nouveau approché dans une opération de séduction-récupération par un négociateur (Krim Nourredine) et l'envoyeur Younès Hammoum). « Boulemhayen » se retrouvera dans une impasse et tentera de s'orienter dans un labyrinthe, méditant et espérant une sortie vers une lumière blanche apparaissant à la sortie du long tunnel. Il trouvera à ses côtés et sur son chemin le seul El Makhlouk Selmani Kamel) déclamant des poèmes et chantant des airs du terroir. Des chants interprétés admirablement par la jeune chanteuse Nacéra Benyoucef, qui nous rappelle son homonyme Nadia Benyoucef. La musique est admirablement exécutée par Rabah Idjekouane. La pièce effectue depuis hier une tournée nationale. Elle représentera la wilaya de Tizi Ouzou lors du Festival du théâtre professionnel qui se tiendra du 23 au 30 novembre prochain au TNA.