Après des mois de préparatifs, minutieusement élaborés lors des 4 rencontres des ministres de la Défense de la coalition internationale tenues à Paris, Bruxelles, Stuttgart et Washington, le feu vert a été donné. Les 12 vont également se revoir, le 25 octobre à Paris, pour éviter le scénario du basculement en Syrie du groupe terroriste Daech promis à une « défaite durable » par le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter. La bataille stratégique de Mossoul, mobilisant quelque 30.000 forces fédérales irakiennes (armée et police, principalement), actuellement entrée dans sa phase d'exécution. Dès les premières heures de la matinée d'hier, des colonnes de véhicules blindés de l'armée irakienne se sont dirigées au front. Les nouvelles se veulent pour le moment rassurantes. « Pour l'instant, le premier jour s'est déroulé comme prévu », a indiqué le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, dans une conférence de presse. « Dès le milieu de la journée, les forces irakiennes avaient à peu près atteint leur objectif du jour », a-t-il déclaré. Si, au nom de la théorie du désengagement prôné par Obama, la participation des forces américaines au combat est totalement exclue, la présence des 4.800 conseillers à proximité des combats se justifient par leur aide aux troupes irakiennes et pour guider les frappes aériennes. La tâche n'est pas pour autant aisée. Il est redouté la capacité de riposte de Daech, disposant de 3.000 à 4.000 combattants et prêt à utiliser l'arme des attentats, voire des boucliers humains pour contenir l'avancée des forces régulières irakiennes. Des experts prévoient une stratégie d'étape pour libérer Mossoul, quartier par quartier, et à terme, préparer l'assaut final contre la capitale syrienne de Daech, Raqqa. Autre couac : la montée au créneau de l'Arabie saoudite et la Turquie qui se disent opposées à toute participation des milices chiites du Hachd El-Chaabi dans la bataille de Mossoul, malgré les assurances du Premier ministre irakien Haider El-Abadi. « Nous nous opposons à toute implication des milices chiites. Elles ont commis des atrocités de masse quand elles sont entrées dans Falloujah, qui se sont notamment conclues par 400 personnes enterrées dans une fosse commune », a déclaré à Londres le ministre saoudien, cité par le quotidien The Guardian et la chaîne saoudienne Al-Arabiya. La donne confessionnelle et communautaire se complique avec l'entrée en scène de milliers de combattants kurdes qui se sont emparés, avec le soutien aérien de la coalition internationale, de plusieurs villages à l'est de Mossoul. Qu'elle sera la réaction de la Turquie qui insiste pour être associée à l'offensive ? Dans ce capharnaüm, le « succès catastrophique » de Mossoul inquiète énormément la famille humanitaire qui s'est interrogée sur le sort des familles prises « entre deux feux », la situation de plus d'un million de déplacés et l'assistance aux 10 millions de personnes nécessitant une aide d'urgence. La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak, Lise Grande, s'attend à d'« importants mouvements de populations (...) d'ici cinq à six jours ». De leur côté, les ONG Save the Children et le Conseil norvégien pour les réfugiés préconisent la mise en place de « couloirs sécurisés » pour les populations. La nouvelle tragédie irakienne est aux portes de Mossoul.