Le siège de Raqa et de Fallouja est lancé par la coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, qui a intensifié les raids contre la capitale de Daech en Syrie et l'une de ses places fortes en Irak tombées entre ses mains en janvier 2014. « Nous avons tué plus de 70 combattants ennemis, y compris Maher Al-Bilawi, qui était le commandant des forces de Daech à Fallouja », a déclaré, vendredi dernier, le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition. « Nous commençons l'opération pour libérer Fallouja », a déclaré le Premier ministre irakien Haider El-Abadi, précisant qu'elle est menée par des militaires, des membres des forces spéciales, de la police, des milices et des tribus progouvernementales. L'étau se resserre sur Daech soumis à un bombardement et à un pilonnage intensif ces 4 derniers jours. Mais, la bataille s'avère ardue. L'avancée des forces irakiennes est confrontée à une « résistance dans les banlieues » recourant aux « voitures piégées, aux attaques suicides et aux tireurs embusqués ». En Syrie, en prélude à un assaut terrestre majeur des Forces démocratiques syriennes (FDS, une coalition arabo-kurde), l'intensification des raids (150, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme proche des Frères musulmans, 83 en Syrie et en Irak selon le colonel Warren) a été également observée, ces 3 derniers jours notamment à Raqa. Avec la reconquête de Mossoul, la prise de Raqa est considérée l'autre grand objectif de la coalition internationale. « Avec la participation de toutes les unités des Forces démocratiques syriennes, nous commençons une opération pour libérer le nord de Raqa », ont tweeté les FDS citant Rojda Felat, une commandante de cette coalition arabo-kurde. Peu après cette annonce, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annoncé que son pays était prêt à se coordonner avec la coalition arabo-kurde et les Etats-Unis pour chasser Daech de Raqa. Mais, Washington a opposé un niet catégorique. D'un autre côté, l'offensive de Raqa est très mal perçue par la Turquie, accusant les Etats-Unis d'« hypocrisie » dont certains membres des forces spéciales ont arboré l'insigne des YPG (Unités de protection du peuple kurde en Syrie), une formation considérée comme « terroriste » par Ankara. Vers un rééquilibrage des alliances régionales ? En tout été de cause, le siège de Raqa et de Fallouja révèle le drame humain dans toutes ses dimensions. La situation des civils érigés en « boucliers humains » par Daech, dressant des barrages militaires dans la ville, inquiète la communauté internationale. A Fallouja où près de 50.000 personnes sont prises en otage par cette guerre impitoyable, une centaine d'entre eux ont pris le chemin de l'exode pour rejoindre la province d'Idleb (nord-ouest), alors que la nourriture et les médicaments se font rares. Dans la province d'Alep, à l'ouest de Raqa, Daech progressait en direction des localités d'Azaz et de Maréa, proches de la frontière turque et tenues par les rebelles. « Nous sommes terriblement inquiets pour environ 100.000 personnes prises au piège entre la frontière turque et les lignes de front », a indiqué Pablo Marco, responsable régional des opérations pour Médecins sans frontières (MSF). « Ces chiffres sont choquants, car ils montrent la nette détérioration de la situation des civils, alors même qu'une cessation des hostilités est en place » depuis fin février, a déclaré, par vidéoconférence depuis Genève, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien au Conseil de sécurité. Triste épilogue.