Cette offensive lancée sur deux fronts est menée par des forces entraînées et soutenues par les Etats-Unis: les troupes fédérales en Irak et la coalition kurdo-arabe des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le pays voisin. Une double offensive terrestre et aérienne a été lancée par la coalition internationale sous commandement américain contre des positions de l'organisation terroriste «Etat islamique» (EI/Daesh) en Irak et en Syrie où les armées des deux pays continuent d'enregistrer des avancées considérables sur le terrain. Ces assauts lancés contre les positions de l'EI dans la province syrienne de Raqqa et la ville irakienne de Felloujah, sont les plus importants depuis l'annonce par le groupe terroriste d'un «califat» autoproclamé à cheval sur les deux pays, il y a presque deux ans. En Irak, le lancement lundi par le Premier ministre Haider al-Abadi, de l'offensive sur Falloujah, un bastion terrorise à seulement 50 km à l'ouest de Baghdad, a permis la reconquête de la petite localité de Garma, au nord-est de la ville, ouvrant la voie à davantage d'avancées vers fief terroriste. Les forces paramilitaires des Hached al-Chaabi, constituées principalement de «milices chiites» ont également gagné du terrain au sud de la ville, selon des sources locales. Pour l'expert irakien Hicham al-Hachemi, «Falloujah est très importante pour l'EI» car s'il la perd, «il ne lui restera plus que des zones désertiques jusqu'à la frontière syrienne ainsi que les localités de Rawa, Ana et Qaïm» dans la province d'Al-Anbar, et «ses fiefs se réduiront à Hawija et Mossoul en Irak, et Raqqa en Syrie». Mais les forces irakiennes doivent tenir compte des 50.000 personnes qui vivent toujours à Falloujah, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). «Les familles, sous couvre feu imposé par l'EI, manquent depuis des mois de nourriture et de médicaments risquent de se retrouver otages des affrontements et il est absolument vital qu'elles puissent disposer de couloirs sûrs pour fuir», a affirmé Nasr Muflahi, chef du NRC pour l'Irak. De l'autre côté de la frontière, en Syrie, la reprise de Raqqa représente, avec celle de Falloujah et de Mossoul en Irak, le grand objectif de la coalition internationale contre l'EI. La province de Raqqa, le fief de l'EI en Syrie, a été prise mardi pour cible, au lendemain du lancement d'une opération sur la ville irakienne de Falloujah. «Il est clair que si les Etats-Unis veulent éliminer l'EI, il faut l'attaquer sur plusieurs fronts à la fois», explique Fabrice Balanche, expert de la Syrie au Washington Institute. Lors d'une visite samedi en Syrie, le chef des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), le général Joe Votel, avait rencontré des forces spéciales américaines déployées dans le nord-est du pays et travaillant avec les combattants arabes syriens, ainsi que des responsables des FDS. La Russie, qui soutient militairement les forces syriennes à la demande de Damas, a décidé de reporter ses bombardements contre les rebelles en Syrie pour laisser le temps à l'opposition armée de prendre ses distances avec les groupes terroristes et de délimiter clairement les zones sous leur contrôle. «Nous avons pris la décision de continuer à travailler avec ces groupes armés pour les associer au régime de cessez-le-feu, les laisser prendre leur distances avec les terroristes et délimiter avec précision les territoires sous leur contrôle avant le début des frappes» russes, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. Le report des bombardements russes intervient quelques jours seulement après le refus des Etats-Unis de coordonner avec la Russie les frappes aériennes contre les groupes terroristes en Syrie. Une décision qualifiée par le vice-secrétaire du Conseil de sécurité russe Yevgeny Loukianov, d' «une politique à deux vitesses et une tentative de classer les terroristes en 'bons'' et 'mauvais''».