Après Baghdad, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, est arrivé hier à Erbil, au Kurdistan irakien, pour faire le point sur la bataille de Mossoul et s'entretenir avec le chef de la région autonome kurde irakienne, Massoud Barzani. En dépit des dissensions et divergences de vues entre le gouvernement de Baghdad et le gouvernement régional d'Ebril, l'assaut se poursuit. Le chef du Pentagone s'est d'ailleurs félicité de l'avancée réalisée par les forces gouvernementales irakiennes et les peshmergas, les combattants kurdes. Ces derniers ont d'ail-leurs repris aux terroristes de Daesch des villages, au nord et à l'est de Mossoul. Le plan d'attaque irakien prévoit qu'ils s'arrêtent à environ 20 kilomètres de la ville, laissant ensuite les forces gouvernementales prendre le relais pour pénétrer dans la ville. De source militaire américaine, on indique que les forces irakiennes ont quasiment atteint cette ligne de 20 kilomètres. « Cela va se solidifier dimanche ou lundi », a-t-on souligné. Lors d'une rencontre avec le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a réitéré l'opposition de Baghdad à une participation turque à l'offensive pour reprendre Mossoul. « La bataille de Mossoul est une bataille irakienne et ceux qui la conduisent sont irakiens. Je sais que les Turcs veulent participer, nous leur disons merci, c'est quelque chose que les Irakiens vont gérer », a-t-il dit. « Nous n'avons pas de problème dans cette offensive. Si un soutien est nécessaire, nous le demanderons à la Turquie ou à un autre pays de la région », a-t-il indiqué. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne veut pas que la Turquie reste à l'écart des opérations pour libérer Mossoul. C'est ce qui explique l'effort mené par Washington pour jouer le médiateur dans la conjoncture actuelle et qui tente de réconcilier les positions de ses deux alliés, au sujet de cette bataille décisive qui risque de durer. Le général américain, Stephen Townsend, n'exclut pas des combats urbains difficiles lorsque les forces irakiennes atteindront l'agglomération. La résistance que mène le groupe Daech, qui compte entre 3.000 et 5.000 terroristes dans la ville et jusqu'à 2.000 éléments dispersés dans sa périphérie, confirme cette hypothèse. « La résistance est assez significative », a-t-il déclaré, évoquant des tirs de mortiers, l'utilisation de véhicules bourrés d'explosifs conduits par des kamikazes et de mines artisanales et même des missiles antitanks. Acculé, certes, Daech a quand même réussi à attaquer Kirkouk et y semer la terreur.