La vaste offensive militaire, tant attendue, à Mossoul est officiellement lancée pour chasser les éléments du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI, Daech) de leur dernier bastion dans le nord de l'Irak, alors que les appels à éviter les victimes civiles se multiplient. Le lancement, par les forces irakiennes soutenues par la coalition internationale, de cette opération jugée "décisive" dans la guerre contre Daech, a été annoncé dimanche soir par le Premier ministre Haider al-Abadi: "Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé", a-t-il déclaré. Le chef du gouvernement irakien n'a pas donné de précisions sur les opérations militaires. Elles devraient dans un premier temps consister à traverser les lignes du groupe terroriste pour gagner les abords de la ville avant un encerclement puis de violents combats de rues Quelque 30.000 éléments de forces fédérales irakiennes --armée, police, contre-terrorisme-- sont impliquées dans cette offensive. Les combats pourraient durer "des semaines voire plus", selon la coalition internationale de lutte contre le terrorisme dirigée par les Etats-Unis. La deuxième ville du pays, située dans le Nord sur les bords du fleuve Tigre était tombée aux mains de Daech en juin 2014. C'est à Mossoul que le leader de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, avait publiquement proclamé un "califat" sur des territoires conquis de manière éclair par les terroristes en Irak et en Syrie entre 2014 et 2015. La bataille s'annonce "longue et difficile" "Cette opération pour reprendre le contrôle de la deuxième ville d'Irak va probablement durer des semaines, possiblement plus", a mis en garde le lieutenant général Stephen Townsend, nouveau commandant de la coalition internationale. Pour ce haut responsable américain, la bataille s'annonce "longue et difficile" mais, a-t-il dit, les Irakiens "se sont préparés et nous nous tiendrons à leur côté". De son côté, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a estimé que la bataille de Mossoul était "un moment décisif dans notre campagne pour infliger à l'EI une défaite durable". Depuis la prise de Mossoul par l'EI, les Etats-Unis dirigent une coalition internationale, composée aujourd'hui de plus de 60 pays, qui combattent les terroristes en Irak et en Syrie. Appels à éviter les victimes civiles Avant le lancement de l'opération militaire, l'armée irakienne a largué par les airs des milliers de tracts sur Mossoul pour donner des consignes de sécurité aux habitants. Cependant, les ONG Save the Children et le Conseil norvégien pour les réfugiés ont appelé à la mise en place de "couloirs sécurisés" pour que les populations puissent échapper aux combats et ne pas rester coincées sous les bombes, sans nourriture ni soins. 500.000 enfants sont menacés par les combats, selon Save the Children. Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a invité la coalition internationale à faire le maximum pour éviter des victimes civiles. Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, dont le pays est membre de la coalition internationale, a appelé à préparer les suites d'une éventuelle reconquête de Mossoul, notamment pour inclure toutes les composantes de la populations irakienne. "Il faut qu'avec l'Irak soit discutés les termes d'une gestion politique inclusive" afin de non seulement "gagner la guerre mais aussi gagner la paix", a-t-il souligné. Quant à la Turquie dont les relations avec l'Irak sont tendues depuis ces derniers mois, elle insiste pour être associée à l'opération pour reprendre Mossoul. "Nous ferons partie de l'opération, nous serons à la table. Il est hors de question que nous restions à l'écart", a déclaré lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours télévisé. Vendredi, M. Erdogan avait menacé de recourir à un "plan B" si l'armée turque n'était pas associée à cette offensive, sans toutefois donner de précisions sur les mesures éventuellement envisagées. Ankara est hostile à toute participation à cette offensive de milices chiites ou de groupes armés kurdes affiliés au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme "terroriste" par la Turquie). Le gouvernement irakien a par ailleurs vivement dénoncé la présence, depuis décembre 2015, de centaines de militaires turcs sur une base à Bachiqa, dans la région de Mossoul en vue d'une reconquête du bastion irakien de l'EI, un sujet qui est à l'origine de la tension entre Baghdad et Ankara. Pour apaiser cette tension, Ankara a dépêché lundi une délégation, menée par le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Umit Yalçin, à Baghdad pour discuter de la présence militaire turque à Bachiqa et l'offensive de Mossoul, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.