Selon le ministre, « il est temps d'accélérer le processus de modernisation pour un meilleur rendement et un compte rendu fiable permettant le suivi des personnes atteintes de cancer depuis le début, qui doit figurer systématiquement dans le registre du cancer ». Il fera remarquer que les structures de santé sont suréquipées, des efforts colossaux ont été consentis par l'Etat pour la prise en charge et la lutte contre le cancer. Et d'annoncer la mise en place, incessamment, d'un atelier ministériel pour appuyer le nouveau projet, le registre du cancer. Selon Boudiaf, il serait également judicieux de penser à mettre en place le circuit du cancéreux. Le ministre a précisé que le registre du cancer existe actuellement à Alger, Oran et Sétif. Sa mission, dit-il, est d'assurer l'enregistrement exhaustif de tous les cancers de la wilaya, fournir des données fiables et standardisées, mettre en place une banque de données. Il devient impératif que les spécialistes présentent un rapport trimestriel et annuel sur l'incidence du cancer et la situation du registre au niveau de chaque wilaya. Pour rappel, le Réseau national des registres du cancer et de population est organisé en 3 coordinations régionales (Est, Ouest et Centre). Chacune d'elles est chargée de l'élaboration du programme d'appui au registre du cancer, consolide la situation épidémiologique des cancers de la région relevant de sa compétence et propose, dans le cadre de ses missions, toute action de partenariat avec les organismes internationaux d'intérêt national dans le domaine des cancers. Premiers résultats du registre du cancer Intervenant à l'occasion de cette rencontre, le professeur Fouatih, exerçant au CHU d'Oran, a présenté les premiers résultats du registre du cancer de la région Ouest et Sud-Ouest de l'exercice 2014. Son bilan a fait ressortir un total de 5.500 cas de cancer par an avec une fréquence plus élevée chez l'homme. Soit 137,2% de cancers localisés au niveau du colon, du rectum et de la vessie chez les hommes, et le sein et le col de l'utérus chez les femmes. Pour le professeur Hammouda, l'objectif est de couvrir 50% de la population ciblée. En 2015, dit-elle, 15 millions de personnes n'étaient pas encore couvertes, alors que 14 millions existaient sur le réseau. Elle déplore que les wilayas de Boumerdès et Bouira n'aient pas de registre du cancer, la wilaya de Chlef n'a aucune donnée alors que la wilaya de Tizi Ouzou accuse un retard en raison de l'instabilité du corps médical. A Alger, on enregistre 120 nouveaux cas pour 100.000 hommes et 151 nouveaux cas pour 100.000 femmes. « Le réseau Centre a largement atteint les objectifs avec plus de 80% de la population ciblée », se félicite la spécialiste. Pour les régions de l'Est, le professeur Hamdi Chérif, coordinateur du réseau Est, 20 wilayas ont été ciblées, soit 57% de validations enregistrées. Selon le spécialiste, les données du registre du cancer pour cette région font état d'une forte prédominance du cancer du sein chez la femme. Ses estimations font part d'une hausse avec une prévision de 50.034 cas de cancer par an en 2020, et 61.031 en 2035. Selon le professeur Zitouni, coordinateur national du plan anti-cancer, il est impossible de parler de registre sans évoquer le plan cancer. Selon lui, c'est un véritable défi pour tout le système de santé. D'où le mot d'ordre, dit-il, « système d'information fiable et stratégie de lutte ». « Les registres du cancer en Algérie sont reconnus par l'OMS », se félicite-t-il. Pour lui, les chiffres avancés restent secondaires. Le plus urgent, selon le spécialiste, est de lutter contre les facteurs de risques à long terme. « Chaque patient atteint de cancer est un cas et ne peut être comparé à un autre », précise-t-il. C'est pourquoi la généralisation du registre du cancer à travers toutes les wilayas va permettre ainsi de donner un nouvel éclairage et une cartographie exacte de l'évolutivité. « La limite de la parfaite théorie est de passer à l'action », conclut le professeur.