Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s'est rendu hier à Bangui, pour signifier officiellement la fin de l'opération militaire française Sangaris lancée en décembre 2013. Mais rassure le Premier ministre français Manuel Valls, la France ne va pas abandonner la Centrafrique. Sur les 2.500 soldats déployés, près de 350 hommes et des drones en soutien à la Minusca resteront sur place. Trois ans après l'intervention française, la paix n'est pas encore revenue. Loin s'en faut. De nouvelles violences ont précédé et accompagné la fin de Sangaris engluée, par ailleurs, dans des scandales de viols sur mineurs et des « violences volontaires » suscitant une enquête judiciaire et parlementaire. Jeudi et vendredi, au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées lors d'affrontements à Bambari (centre) et ses environs, selon la mission onusienne, Minusca. Quelques heures avant l'arrivée à Bangui de Jean-Yves le Drian, le PK5, dernier quartier musulman de la capitale Bangui, s'embrasait lors d'un affrontement entre milices rivales. Ces règlements de compte auraient fait une dizaine de morts, selon un bilan de sources locales. La situation s'est apaisée après une intervention de la Minusca. La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président, François Bozizé, par des rebelles séléka. Cette action avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka. Sangaris était intervenue juste après, et les séléka ont été chassés du pouvoir. « Nous avons évité des massacres de masse, permis un processus de réconciliation intercommunautaire, la reconstitution de l'Etat centrafricain, une élection présidentielle, des élections législatives », a assuré le 19 octobre devant l'Assemblée nationale à Paris Le Drian. « Quelle que soit la volonté des Centrafricains, il y a aussi des raisons, certainement, qui ont poussé les autorités amies à mettre fin à cette mission », a déclaré Charles Armel Doubane, ministre centrafricain des Affaires étrangères. Les priorités ont en effet totalement changé. Face aux enjeux sécuritaires internes et au défi du mouvement terroriste Daech, la France a revu sa copie en matière de défense. Sur le front intérieur, le renforcement de l'opération sentinelle jugée « indispensable », forte de 7.000 hommes, décrète la mobilisation tous azimuts contre la menace terroriste présente sur le sol français et désormais combattue en Irak où entre 300 et 400 soldats encadrent les peshmergas et les forces irakiennes en lutte contre Daech à Mossoul.