Les leaders musulmans rêvent de proclamer l'indépendance de ce futur Etat nordiste de Centrafrique. Si ce rêve venait à voir le jour, la France y aura largement contribué. Un accrochage violent entre des soldats français de l'opération Sangaris et un groupe armé a fait, en fin de semaine dernière dans un quartier musulman de Bangui, au moins sept morts, selon la Minusca (mission de l'ONU en Centrafrique). Ce qui en dit long sur l'échec de l'opération militaire lancée par le président français François Hollande qui sa dévoilé sa face de "gendarme de l'Afrique" en 2013 avec son opération militaire au Mali sous le vocable de Serval, un petit félin africain, genre de chat. Sangaris, un papillon rouge pour l'intervention en Centrafrique, se devait être courte et comme lui joli et politiquement correct. Un flop puisque les soldats français se trouvent embourbés jusqu'au cou dans ce cœur de l'Afrique. Comme par ailleurs la plupart des interventions militaires hors de la France de ces quatre dernières années et dont on ne retient que les noms amusants. Avant Sangaris et Serval, il y a eu Licorne, Manta, Daguet, Harmattan et Corymbe. Les musulmans centrafricains qui attendaient la protection de la mission française ont fini par éclater et prendre à partie ses militaires comme ce fut le cas dans le 5e arrondissement de Bangui, leur quartier, où l'accrochage s'est produit. La Minusca, qui a pu déterminer la chronologie précise de l'accrochage, confirme que Sangaris a "violemment riposté" durant des échanges de tirs de "toutes sortes de calibres" avec "des éléments armés non identifiés", et qu'un "soutien aérien" avait été mobilisé. L'armée française n'a pas commenté le rapport onusien pour ne pas admettre que la communauté musulmane centrafricaine, un quart de la population, est très remontée contre l'ancienne puissance coloniale. Le ministère français de la Défense a fini par expliquer que ses soldats "inspectaient des maisons suspectées d'abriter des armes au quartier du PK5, arrondissement habité par des musulmans à Bangui, quand ils ont été pris à partie par des jeunes manifestant leur colère". La situation est devenue intenable pour cette communauté livrée aux exactions de milices chrétiennes dont les crimes relèvent, selon l'ONU, de la Cour pénale internationale. Une partie s'est déjà réfugiée dans les pays voisins, au Cameroun et au Tchad. Une autre s'est fixée dans la ville de Bambari, dans le centre de la République centrafricaine où elle revendique une partition du pays, seule solution, selon elle, de garantir la sécurité des musulmans. La ville de Bambari, carrefour commercial de la région, se trouve à la limite du Sud chrétien et du Nord musulman, largement contrôlé par les ex-rebelles de la Séléka. Les chrétiens centrafricains pourchassent la Séléka qui, selon eux, au cours des dix mois où elle a été au pouvoir, entre mars 2013 et janvier dernier, s'était signalée par des exactions contre eux. À la suite de l'intervention militaire française en décembre 2013, les chrétiens anti-Balaka se sont livrés à de sanglantes représailles contre les musulmans, notamment dans plusieurs quartiers de Bangui. Des violences qui ont contraint un million de personnes à fuir leurs maisons. La partition de la Centrafrique est déjà une réalité dans les faits. Les leaders musulmans rêvent de proclamer l'indépendance de ce futur Etat nordiste de Centrafrique. Si ce rêve venait à voir le jour, la France y aura largement contribué. Ça sera la conséquence directe de son opération Sangaris et, en outre, elle-même a exfiltré de nombreux musulmans dans cette province de Bambari, à 300 km au sud-ouest de Bangui. D. B Nom Adresse email