Jeudi et vendredi derniers, vingt-deux écrivains venus d'Algérie (Otmane Flici, Hocine Boumerdes Rim Laredj, Faïza Mostapha, Nadia Sebkhi, Samir Toumi...., du Maroc Aïcha Bassry, de Tunisie Jamel Jlassi et d'Europe Aïko Solovkine (Belgique), Lise Chasteloux, Pierre Defendini, Pierre Yves Roubert ( France), Michela Murgia, Elisabetta Rasy (Italie), Anne Swärd (Suède) ont évoqué leurs premiers pas dans l'écriture et témoigné de leurs expériences. Dirk Buda, chef de section politique, presse et information de la délégation de l'UE en Algérie, a inauguré ces journées. Elle a mis en exergue le soutien du directeur du quotidien Liberté, qui accompagne ces journées de promotion du dialogue interculturel. Ce dernier s'est décliné en trois sessions, « Sauter le pas : comment j'ai décidé d'écrire », « Les influences : indispensables et critiques » et « Premier roman, écritures ultérieures, publication ». « L'écriture du premier roman est particulière. Il a son propre charme. Comme un premier amour, il demeure gravé dans la mémoire », avoueront nombre d'auteurs. Pour Hocine Boumerdes, « le besoin d'écrire, je l'ai eu très jeune. J'étais au collège ou j'écrivais des textes inachevés. Après l'obtention du bac, j'ai délaissé ce projet d'écriture. Après la retraite, je me suis remis à écrire. J'avais un sujet de roman depuis une vingtaine d'années ». La romancière Aïcha Bassry raconte les étapes de sa création. Membre de la maison de poésie, de l'union des écrivains du Maroc, sa poésie est traduite dans plusieurs langues. « J'ai débuté toute jeune parce que je lisais énormément en arabe et en français. Mon père avait une grande bibliothèque pleine de livres d'histoire, de soufisme », a-t-elle affirmé. Faïza Mostapha est nouvelliste. « J'ai travaillé à la télévision algérienne puis à radio internationale de Monte Carlo. J'ai publié des articles dans des revues et édité ‘'Bleu blessant'', un recueil de nouvelles, ‘'Les cités de carton'', ‘'L'étranger'', soutient-elle. J'ai reçu des prix comme celui d'excellence dans le concours du forum femmes méditerranée à Marseille en 2005. » Elisabetta Rasy a édité son premier roman à un âge avancé avant de passer au journalisme. Son écriture romanesque ne s'inscrivait pas dans son expérience de journaliste. « J'ai pris beaucoup de temps pour sauter le pas. Je n'avais pas l'impression de nager dans des eaux troubles. Cette sensation de vouloir écrire mon premier roman m'a permis de continuer dans un chemin ni facile ni difficile », a-t-elle raconté. Lors de la seconde journée modérée par le romancier Akli Tadjer, Lise Chasteloux dira que « le premier roman cristallise énormément de choses. Je constate aussi à travers cette manifestation, une interculturalité avec beaucoup de débats et une ouverture d'esprit. Ce qui ressort, c'est l'appétence pour connaître les choses. « J'en suis au premier roman avec deux récits ‘'Un destin russe'' et ‘'Petite cosaque, le manège de la compétition''. J'ai exploité la veine autobiographique dans mon récit et romanesque dans ‘'Le destin russe'' où le roman est apparu plus simple que le jeu », a-t-elle affirmé. « Parler à la 3e personne permet de me glisser dans différentes sensibilités, de les englober et surtout de les aborder par l'humain », a-t-elle expliqué. Jamel Jlassi est revenu sur son expérience singulière. « J'étais un footballeur, et membre d'un groupe de break-dance. Un jour, mon oncle m'a offert un livre de Taha Husseïn qui me fascine encore. Ce geste a tout changé car j'ai du rompre avec le sport et la musique. Je rêve de mener une carrière comme le romancier égyptien. J'ai écris mon premier roman à l'âge de 20 ans ‘'Les feuilles salées'' en 2004. Je rêve de changer le monde par l'écriture », a-t-il soutenu. Aïko Solovkine s'est dit contente « pour ce genre de rencontre qui fait écho à mon métier de journaliste ». « Rencontrer des écrivains maghrébins est important parce qu'il y a une vision partiellement biaisée du Maghreb, de l'Islam. C'est intéressant d'avoir ce regard littéraire sur ces questions qui commencent à sérieusement gangrener une partie de l'Europe », a soutenu Solovkine. Elle s'est dit impressionnée par le nombre important d'éditeurs, j'avais lu qu'on ne publiait pas assez de livres dans le monde arabe. C'est faux car j'ai constaté une soif de lecture. J'ai même eu un coup de cœur pour les éditions Barzakh. » Evoquant son expérience dans l'écriture, elle dira : « J'avais une envie que mon premier ‘'La nuit, en trois mois'' soit publié. A sa publication, il y a eu un sentiment de réveil, d'une naissance et d'une chimère. Mon écriture est crue, noire et dure. J'ai une écriture masculine », a-t-elle avoué. Le modérateur Akli Tadjer a souligné enfin que « ces rencontres permettent l'échange et rapprochent davantage les créateurs venus de partout ».