Lors de cette rencontre, suivie de la projection du téléfilm “le Porteur de cartable", de Caroline Huppert (adapté du roman éponyme d'Akli Tadjer), l'auteur a, entre autres, évoqué son rapport à la langue, à l'écriture et à une littérature dite de l'émigration. Dans le cadre de son programme littéraire, et pour son deuxième rendez-vous, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), en partenariat avec les éditions Apic, a organisé, vendredi dernier à la salle Frantz-Fanon de Riadh El-Feth, une rencontre avec l'écrivain Akli Tadjer, auteur de plusieurs romans, notamment “le Porteur de cartable", “Il était une fois... peut-être pas", et “la Meilleure façon de s'aimer" (parus tous trois, en Algérie, aux éditions Apic). Dans ce dernier roman à deux voix, Akli Tadjer raconte l'histoire d'une mère et de son fils. Le personnage de la mère se retrouve sur un lit d'hôpital ne pouvant interagir avec le monde extérieur ; celui du fils tente de reconstruire sa vie et lui donner un sens. Les deux protagonistes du roman cherchent la meilleure façon de s'aimer. Pour ce faire, ils convoquent les fantômes du passé, ce qui réveille de vieilles blessures, notamment pour le personnage de la mère. Lors de la rencontre, Akli Tadjer a été questionné à propos de son rapport à la langue, lui qui propose une écriture efficace, sans fioriture. Une simplicité dans l'écriture qui semble être un parti pris, mais avec une sorte de mise en scène romanesque, où le lecteur visualise parfaitement les situations. “Le roman pour moi, c'est de raconter des histoires. Je n'ai pas envie de me regarder écrire. C'est très compliqué de faire simple", a-t-il souligné. Akli Tadjer reviendra également sur ses narrateurs, en expliquant : “Tous mes romans sont écrits à la première personne, parce que je n'arrive pas à écrire à la troisième personne. Quand j'ouvre une porte, je ne sais pas ce qu'il y a derrière." Pour l'écrivain, il y a deux écoles : l'école avec plan (d'écriture) et l'école sans plan. Et Akli Tadjer a dit appartenir à la deuxième. Ainsi, l'auteur devient un personnage et une partie prenante dans le roman. Il évite surtout l'omniscience parfois pesante du narrateur qui sait exactement tout ce qui anime les personnages et ce qui passe à l'intérieur du texte. Les questions de l'assistance, qui a affiché un enthousiasme par rapport à l'écriture de l'invité de Dîwan Dar Abdeltif, ont également porté sur la littérature dite de l'émigration et le rapport d'Akli Tadjer à celle-ci. Cette question entraîne une autre question : y a-t-il une diaspora algérienne qui produit une littérature dans l'Hexagone ? Les exemples sont peu nombreux pour que la production littéraire puisse constituer un corpus. En tout cas, pour Akli Tadjer, “il y a LA littérature !". Pour lui, “il n'y a pas de littérature dite de l'émigration. La littérature dépasse tous les clivages. On ne peut pas segmenter la littérature et je ne sais pas le faire, mais je sais que c'est très fréquent". L'auteur a estimé que “le contenu du roman doit être universel". Mais l'universalité de l'écriture est également un piège et une banalité contemporaine revendiquée par beaucoup d'écrivains. Qu'est-ce que l'universalité de l'écriture ? Des mots d'Akli Tadjer, de ses réponses, on peut esquisser une (parmi d'autres) définition de l'universalité de l'écriture. C'est une question d'émotion et de sincérité dans le propos. Suite à ce débat, le téléfilm “le Porteur de cartable", adapté du roman éponyme d'Akli Tadjer, a été projeté. Par ailleurs, la prochaine rencontre littéraire du Dîwan Dar Abdeltif, qui a pour thème “Algérie, récit colonial", aura lieu le 20 avril prochain, et sera animée par Yves Salvat, auteur de “la Guerre de la honte" (éditions Sedia). S K