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Sila 2016 : Passer à l'âge numérique
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Publié dans El Watan le 28 - 10 - 2016

Le 21e Salon international du livre d'Alger (SILA) se déroule jusqu'au 5 novembre au Palais des expositions des Pins maritimes, à Alger.
Mercredi soir, au Palais des expositions des Pins maritimes, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a beaucoup insisté sur le livre numérique à l'ouverture du 21e Salon international du livre d'Alger (Sila). «Notre objectif est d'entrer définitivement dans le numérique. Il faut commencer dès maintenant pour avoir les résultats dans plusieurs années», a-t-il déclaré à la fin d'une tournée des stands, qui a duré deux heures. Selon lui, l'Algérie doit entrer dans «l'industrie du savoir» et les éditeurs algériens doivent travailler pour développer «le livre électronique». M. Sellal est convaincu que les Algériens ont toutes les capacités pour utiliser et maîtriser les nouvelles technologies.
Le slogan du 21e Sila va dans ce sens : «Le livre, totale connexion» est écrit en bleu clair sur jaune vif. Au pavillon G du Palais des expositions où s'est installé l'Esprit Panaf, la section la plus importante du Sila, le débat sera également orienté vers le numérique. La Sénégalaise Hulo Guillabert, directrice des éditions numérique et papier Diasporas noires, présentera, le 31 octobre, une conférence sur l'Afrique qui veut se mettre à l'ère numérique. Hulo Guillabert, qui est également romancière, veut croire à une Afrique debout.
Dans le même espace Esprit Panaf, la e-littérature sera le thème d'un débat qui sera dirigé, le 1er novembre, par le Congolais Reassi Ouabonzi Gangoueus. La littérature africaine, présente sur les blogs et les réseaux sociaux, demande seulement à être plus visible. Le livre africain est mal distribué sur le continent, et si la e-littérature était la solution pour effacer les frontières et permettre une meilleure circulation des romans, récits et recueils de poèmes ? Abdelmalek Sellal a demandé aux éditeurs algériens de tout faire pour exporter le livre algérien.
«On fait connaître sa culture par le livre», a-t-il dit. «La balle est dans le camp des éditeurs algériens. Ils peuvent s'inspirer de ce que font les Libanais, les Egyptiens et les Français pour vendre leurs livres à l'étranger. Qu'ils choisissent la meilleure expérience et nous sommes prêts à les soutenir en tant que gouvernement. Les capacités d'exportation existent. Nous avons plus de 1100 éditeurs avec 290 d'entre eux qui produisent régulièrement des livres. Les éditeurs doivent s'organiser et proposer un plan d'action pour exporter le livre algérien.
Ce livre ne doit pas se vendre uniquement à l'intérieur, surtout que nous avons constaté l'existence de la qualité dans la production éditoriale nationale», a déclaré Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture. Selon lui, la participation d'éditeurs dans les foires et Salons du livre à l'étranger n'est pas suffisante pour assurer une exportation régulière des ouvrages algériens. «L'exportation du livre se fait à longueur d'année et pas uniquement durant les Salons. Il faut que les éditeurs algériens montrent de la volonté à le faire», a-t-il soutenu.
Embûches sur le chemin de l'Afrique
Depuis 2010, les éditions Apic d'Alger de Karim Chikh et de Samia Zenadi exportent vers le Mali, le Congo, le Burkina Fasso et le Bénin. «Notre éditeur au Mali rencontre des difficultés financières en raison de la situation politique dans ce pays. Tout le monde connaît cette situation. Il se retrouve que le compte devises d'Apic est bloqué.
Nos livres sont toujours à l'aéroport Houari Boumediène depuis presqu'une année. La Banque d'Algérie exige de rapatrier l'argent au bout de six mois. Les responsables pensent peut-être qu'on est en train de faire fuir la devise ! Donc, entre le discours officiel sur la nécessité de s'intéresser à l'Afrique et la réalité du terrain, il y a une différence. Rien n'est fait en direction de ceux qui veulent concrétiser le panafricanisme sur le terrain.
Nous sommes aujourd'hui menacés de retrait de notre licence d'exportation !», a déclaré Samia Zenadi avec colère et regret. Selon elle, il faut étudier les choses au cas par cas, assouplir les procédures. «Par exemple, il faut prendre en compte la situation actuelle du Mali. L'éditeur, avec qui nous travaillons depuis six ans, rencontre pour la première fois des problèmes. Il faut ajouter le fait que ceux qui pratiquent la fuite des capitaux ne passent pas par les banques ! Les Indiens investissent en Afrique dans le marché de l'imprimerie.
Que faisons-nous ?» s'est-elle interrogée. Au niveau du stand de l'Iran, Abdelmalek Sellal a appris que dans ce pays, il existe 11 000 éditeurs. «Nous produisons annuellement 100 000 ouvrages», a précisé le représentant de l'Iran. Autrement dit, l'Iran produit en une année ce que l'Algérie édite péniblement en 15 ans ! Avec l'Egypte, pays invité d'honneur cette année, l'Algérie veut développer la co-édition. Hilmi Al Namnam, ministre de la Culture égyptien, sera à Alger, demain, pour discuter avec son homologue algérien un accord de coopération en ce sens.
L'idée est que le livre algérien et égyptien circule mieux dans les deux pays et dans les deux sens d'une manière continue. Certaines maisons d'édition égyptiennes, comme Dar Al Ain, éditent déjà des romans et des recueils de poèmes d'auteurs algériens comme Fayçal Al Ahmar, Lamis Saadi, Khir Chouar et Abderrazak Boukeba. «Il est important de mieux faire connaître la littérature algérienne en Egypte, un pays où le potentiel de lectorat est très important.
Nous allons également discuter d'un accord sur le développement de la coproduction cinématographique et un autre sur la restauration des monuments historiques», a précisé Azzedine Mihoubi. Un expert égyptien en restauration et réhabilitation de monuments visitera bientôt l'Algérie pour préparer un ouvrage sur les sites historiques comme les pyramides de l'Ajdar (Tiaret). Un ouvrage sera bientôt édité en plusieurs langues sur les sites et lieux culturels, historiques et touristiques en Algérie, comme les grottes de Cervantes et d'Ibn Khaldoun, ainsi que l'olivier de Saint-Augustin.
3e génération
Le Sila 2016 consacre cette année les écrivains algériens de troisième génération qui publient en arabe, en tamazight et en français. Un débat est prévu à cet effet, demain, à la salle du Sila (au niveau du pavillon central) à 11h, avec la participation, entre autres, de Abderrezak Boukeba, Lounis Benali, Hadjer Kouidri, Abdelwahab Aissaoui, Kaouther Adimi, Mustapha Benfodil, Nassima Bouloufa et Nacer Salmi. «Pourquoi parle-t-on de 3e génération ? Parce que les thématiques qu'ils traitent n'ont rien à voir avec celles développées par les romanciers de la première décennie de l'après-indépendance du pays ou celle des années 1970, 1980, 1990.
A l'époque, on évoquait la nécessité de rejeter l'ordre colonial, les questions sociales ou l'après-décennie noire. Là, nous avons une écriture différente. Les jeunes écrivains sont nés avec internet, des centaines de chaînes de télévision, une musique qui ne s'écoute plus sur disque vinyle. Ils sont dans un autre monde. La société algérienne a beaucoup évolué», a expliqué Youcef Saïah, membre du comité d'organisation du Sila.
Dans le même ordre d'idées, les 8es Rencontres euromaghrébines des écrivains qu'organisent la délégation de l'Union européenne à Alger seront consacrées, les 2 et 3 novembre prochain à la salle El Djazaïr, au premier roman écrit. Les débats autour de plusieurs thématiques : «Sauter le pas», «Comment j'ai décidé d'écrire», «les influences», «Premiers roman et écritures ultérieures». Avec la participation, entre autres, d'Ismail Ibrir, Faiza Mustapha et Samir Toumi (Algérie), Michela Murgia (Italie), Aïko Solovkine (Belgique), Lise Chasteloux (France), Tomek Kawiak (Pologne), Anna Swäd (Suède), Tomasz Pindel (Espagne) et Bogdan Munteanu (Roumanie).
Le 4 novembre prochain, à la salle El Djazaïr, à 14h, une rencontre sera organisée autour de la découverte des métiers du livre par les jeunes. Des jeunes entrepreneurs ont été conviés à intervenir avec la présence d'un représentant de l'Ansej, de Jamel Zitouni, créateur de la filière édition à l'université d'Alger, de Ali Bey de la librairie du Tiers-Monde d'Alger, de Smail Mhand des éditions Hibr, de Djawida Himrane des éditions Chihab, de Fatiha Soal de la librairie Kalimat et de Zohra Guemoune des éditions Sédia. Et, pour ne rater les 400 ans de leur disparition, le Sila 2016 rendra hommage, demain, à Cervantes et Shakespeare.


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