Les rideaux sont tombés, dans la soirée de vendredi dernier, sur la 8e édition du festival international du théâtre. La cérémonie de clôture s'est déroulée dans la salle de la maison de la culture, avec la remise de distinctions honorifiques aux troupes participantes. L'apothéose a été réservée au spectacle « Barbaros » dont La Modern Dance Theatre Istanbul (Turquie), a gratifié le public en présence d'un représentant diplomatique de ce pays. « Barberos » est un spectacle de dance moderne, sur une musique aux sons traditionnels. D'ailleurs sa la thématique principale porte sur la saga des frères Barberousse, corsaires au service de l'Empire ottoman. Ils ont connu un destin singulier en allant porter secours à Alger, soumise au diktat espagnol. Les Ibères occupaient au XVIe siècle le « Penon », ce fameux rocher sur lequel ils avaient installé une forteresse. Ils contrôlaient l'entrée du port et pouvaient bombarder la ville, leur permettant ainsi d'exercer un perpétuel chantage sur ses notables. Voilà pour l'histoire, que les Algériens connaissent assez bien puisqu'elle fait partie de leur histoire. Le public a été séduit par cette chorégraphie et a applaudi avec ferveur les danseurs qui ont usé de toute la panoplie de la dance moderne, de même qu'il s'est laissé emporter par la musique, où a été habilement incrustée la chanson « ya rayeh » de Dahmane El Harrachi. Ce spectacle est programmé à l'opéra d'Alger. Pour Omar Fetmouche, commissaire du festival, cette édition du FITB, en dépit des restrictions budgétaires, a amplement tenu ses promesses. Selon lui, « 130.000 personnes ont assisté aux différentes représentations théâtrales. » Il a surtout fait ressortir que le festival ne s'est pas cantonné à la ville. Il a rayonné dans l'arrière pays bougiote et sur d'autres wilayate comme Jijel. C'est à l'aune de tous ces paramètres qu'il faut mesurer le succès de cet évènement désormais entré dans la tradition culturelle de la région. La fin était magique pour le festival qui, une semaine durant, a multiplié les surprises agréables en offrant une palette de spectacles de haute facture. Ouvert sur une pièce, récompensée d'un double Molière « Le porteur d'histoire » d'Alexis Michalik, en l'occurrence, il s'achève sur une œuvre majeure du prestigieux opéra d'Istanbul, non sans avoir égrené une brochette d'autres spectacles d'une qualité tout aussi méritoire. « The great disaster », qui refait le récit « Cave » du naufrage du Titanic de la compagnie Askell, « Amour à ma mère » de Léonore Canales, décapant d'humour, « Découvertes » de l'Irakien Kacem Mohamed, qui croque les rapports entre l'autorité et le peuple, « La mixture magique du bonheur » de l'Egyptien Chadi Edali, en quête d'une potion magique pour la félicitée mais qui n'en trouve pas, « Radrigan et Beckett entre trois continents » de Mauricio Celedon, un spectacle vivant joué en plein air, sont entre autres spectacles qui ont su gagner la ferveur du public. Une trentaine de spectacles était au programme de cette édition, marquée par ailleurs par l'organisation d'un colloque sur « le théâtre et la mythologie en Méditerrané », un séminaire de formation sur « la critique théâtrale », ouverte aux journalistes participants au festival et d'une journée hommage et évocation à Nabile Farès.