«Ces amabilités faites surtout sous la pression de dizaines de milliers de Palestiniens qui ont manifesté pour l'unité lundi et mardi en Cisjordanie et à Ghaza, suffiront-elles à surmonter la fracture interpalestinienne ? » « Je suis prêt à aller demain à Ghaza pour mettre fin à la division et former un gouvernement de personnalités nationales indépendantes (...) pour préparer des élections présidentielle, législatives et au Conseil national dans les six mois ou dès que possible », déclare Mahmoud Abbas annonçant pour la première fois qu'il ne briquera pas un nouveau mandat à la présidence de l'Autorité palestinienne.C'était hier dans un discours qu'il a prononcé devant le Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine, qu'il a réuni pour parler des effets de la reconnaissance internationale, y compris « prochainement » de l'Union européenne pour leur futur Etat. Sur sa lancée, Abbas coupe l'herbe sous les pieds de son Premier ministre Salam Fayyad qui a prévu annoncer dans les prochaines heures son cabinet. «Je suis prêt à retarder la formation d'un gouvernement d'union nationale si nous parvenons à un accord demain ou le jour d'après», dit-il demandant au «frère» Ismaïl Haniyeh, le leader de Hamas dans l'enclave palestinienne de «prendre les dispositions nécessaires pour organiser cette visite en coordination et en concertation avec les autres mouvements et la population de la bande de Ghaza pour m'accueillir à Beit Hanoun dans les deux trois ou quatre prochains jours afin de tourner cette page noire et honteuse de la division». Hamas saisira-t-il la main tendue d'Abbas pour «mettre fin à la division» et permettre aux Palestiniens de s' «unir» face aux menaces qui peuvent gravement nuire à leur cause» ? Le mouvement palestinien qui a pris le pouvoir à Ghaza depuis juin 2007 s'est «félicité» hier de la réponse positive d'Abbas à l'invitation que lui avait lancée mardi Haniyeh pour «une rencontre immédiate à Ghaza ou ailleurs» pour «entamer un dialogue national global et direct pour parvenir à une réconciliation». «Nous allons suivre les préparatifs de cette visite», déclare Sami Abou Zouhri, son un porte-parole à Ghaza. Mais, ces amabilités faites surtout sous la pression de dizaines de milliers de Palestiniens qui ont manifesté pour l'unité lundi et mardi en Cisjordanie et à Ghaza, suffiront-elles à surmonter la fracture interpalestinienne ? Rien n'est moins sûr. Du moins tant que les stratégies des deux mouvements restent inconciliables. A la différence de Fatah, Hamas maintient le cap de la résistance et de l'hostilité à Israël. Abbas qui semble avoir saisi qu'un vent de changement plein d'incertitudes, souffle sur le monde arabe, prévoit de convoquer des élections dans six mois… en cas de réunion de la Cisjordanie et de Ghaza.