Publiée par l'Association algérienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine archéologique (AASPPA), la nouvelle édition propose une sélection d'articles scientifiques et des travaux académiques réalisés par des universitaires algériens. Plusieurs domaines relatifs notamment au patrimoine y sont abordés : paléontologie, archéologie, architecture... avec rigueur et objectivité. Une documentation riche est mise en avant par des chercheurs qui se sont intéressés à une thématique variée embrassant plusieurs cycles de l'histoire de l'Algérie. Ainsi, Asma Hadjilah a mis la lumière, dans « La rue Bab Azzoun-Bab El Oued à la période romaine. Essai de restitution du cardo d'Icosium », les découvertes archéologiques faites depuis 1830 à nos jours sur ce tronçon dont elle soupçonne fortement l'importance. Rappelant les travaux pionniers entamés par des archéologues et ingénieurs français durant l'époque coloniale (Berbrugger, Devoulx, Henri Murat, Stephane Gsell...) qui ont permis la découverte des traces d'Icosium, elle met en évidence les récentes réalisations effectuées par le Centre national de recherche en archéologie (CNRA) et l'Institut national des recherches archéologiques préventives (Inrap). Un riche sommaire « Le long de la rue Bab Azzoun-Bab el Oued, une des plus importantes voies de la Basse-Casbah, les découvertes antiques furent nombreuses avec la mise au jour de plusieurs tronçons d'une voie, de portions de murs et de substructions », note-t-elle. « Les fouilles préventives menées depuis 2009 et celles effectuées en 1995-1997 dans l'îlot de Lallahoum attestent de l'importance de cette ancienne artère du temps d'Icosium ». La chercheuse est catégorique. « Les vestiges découverts au fil du temps permettent de soutenir que cette voie romaine était centrale. » Dans un autre registre, Cyrile Aillet, maître de conférences en histoire des mondes musulmans médiévaux à l'université Lumière-Lyon 2, s'est intéressé au site de Sedrata à Ouargla, l'un des « grands carrefours du commerce transsaharien à l'époque médiévale. Il a axé son intérêt sur les travaux d'une archéologue et militante anticoloniale suisse, Marguerite van Berchem. Celle-ci, rappelle l'universitaire, « a effectué deux voyages à Sedrata, en 1946 et 1949, où elle a réalisé sa première étude systématique des vestiges de l'oued Mya ». Son engagement et ses travaux ont abouti, en 1954, au classement de Sedrata au « patrimoine national » français de l'époque. D'autres études tout aussi importantes figurent au menu d'Ikosim. On peut lire dans la rubrique consacrée aux notes et travaux un article sur les recherches préhistoriques dans la région d'Amoura (Djelfa) de l'Atlas saharien oriental. Une note sur une inscription inédite de la région d'Aïn Kebira près de Sétif... un hommage posthume rendu à Henriette Camps-Fabrer, ancienne directrice de recherches au CNRS, complète le riche sommaire. Cette dame avait consacré une grande partie de sa carrière à l'étude du Néolithique, en Algérie et dans le sud de la France. S'adressant, en premier lieu, aux chercheurs et étudiants, Ikosim reste accessible au grand public grâce aux résumés des travaux disponibles en trois langues (français, arabe et anglais).